Et la Poste aussi !
La réforme de La Poste, examinée demain en conseil des ministres, est vivement contestée par les syndicats, inquiets d'une possible privatisation, dans un contexte d'ouverture du marché au 1er janvier 2011. La distribution du courrier est affectée par des conflits locaux.
C'est demain que le projet de loi de changement de statut de La Poste sera examiné en conseil des ministres, une réforme fortement
contestée par les syndicats.
Future concurrence
Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a confirmé mi-juillet le calendrier: le texte sera déposé au Parlement à la rentrée, afin que l'établissement devienne, dès le 1erjanvier 2010, une
société anonyme à capitaux publics. Cela «donne à La Poste une année pour bien se préparer, avec son nouveau statut et l'augmentation de capital qui pourra intervenir dans la foulée, à
l'ouverture du marché au 1erjanvier 2011», avait expliqué, en juin dernier, Luc Chatel, alors secrétaire d'Etat à l'Industrie. Le changement de statut s'accompagnera en effet d'une augmentation
de capital à hauteur de 2,7milliards d'euros, souscrite par l'Etat et la Caisse des Dépôts. L'objectif est de maintenir la compétitivité de La Poste, affectée par la crise et la baisse des
volumes transportés, face à la future concurrence.
Les fonctionnaires garderont leur statut
Reste que les syndicats sont inquiets d'une possible privatisation, même si le gouvernement a tenté de les rassurer. «A aucun moment, nous ne laisserons place à l'intérieur du capital à quelque
acteur privé que ce soit», a ainsi souligné le ministre actuel de l'Industrie. Luc Chatel avait de son côté souligné que la situation des personnels ne serait «nullement affectée» par cette
réforme, les fonctionnaires conservant notamment leur statut. La Poste sera chargée pendant quinze ans du service universel postal pour l'ensemble du territoire, «une garantie supplémentaire»,
avait-il précisé, en évoquant le maintien d'un prix unique du timbre sur tout le territoire.
Les grèves se multiplient
Mais la CGT, Sud, FO et la CFTC ont appelé les postiers à mener «tout l'été les mobilisations unitaires» pour que le gouvernement renonce à tout projet de privatisation. La réforme de la
distribution du courrier est ainsi émaillée de conflits locaux, sur fond de non-remplacements de facteurs en vacances et d'heures supplémentaires parfois impayées.
«Les facteurs ont beau être individualistes, les grèves se multiplient», constate ainsi Jean-Luc Meynot, de FO-PTT. La Poste emploie plus de 100.000 facteurs,
jusqu'ici remplacés l'été par des intérimaires ou étudiants. La réforme «Facteurs d'avenir» vise à réduire les coûts avant l'arrivée de la concurrence en économisant notamment les salaires de
cette force d'appoint.
Ainsi, chaque tournée est éclatée en plusieurs parties, que doivent se partager les collègues du facteur en congé. «Comme on réduit les effectifs au même moment, le ou les collègues du facteur absent font parfois deux tournées dans la même journée, sans être payé plus», dénonce de son côté Hugo Reis, de Sud-PTT. Aujourd'hui, à la veille du conseil des ministres, un rassemblement aura lieu devant Bercy, à l'appel des syndicats CGT, FO et Sud d'Ile-de-France.