
Vendredi, des militants français étaient venus appuyer les manifestants palestiniens dans leur face-à-face avec l'armée israélienne. : AFP
Les opposants à la clôture édifiée autour de la Cisjordanie y manifestent chaque vendredi. Mais ni les slogans, ni les escarmouches, ni même la Cour suprême d'Israël n'ont stoppé les bulldozers.
C'est devenu un rituel. Chaque vendredi matin, Ronnie Barkan, 25 ans, quitte son petit appartement de Tel-Aviv et prend la direction de Bilin, un village palestinien proche de Ramallah. La route serpente dans les collines de Cisjordanie puis débouche sur la barrière de sécurité qui sépare Israël des territoires palestiniens. À cet endroit, chaque semaine depuis janvier 2005, des pacifistes israéliens, comme Ronnie, viennent se joindre aux Palestiniens pour manifester.
« Israël a confisqué 60 % des terres de Bilin pour construire la barrière de séparation. Bien d'autres villages subissent ce type d'injustice en Cisjordanie, mais nous avons choisi de faire de Bilin un symbole et d'y concentrer nos actions », explique Ronnie Barkan, qui milite au sein de l'organisation Anarchistes contre le mur.
Cette semaine, le rassemblement s'est déroulé dans le calme. Mais, régulièrement, la manifestation se transforme en bataille rangée contre l'armée israélienne : jets de pierres d'un côté, balles en caoutchouc et grenades lacrymogènes de l'autre. Le 17 avril, un manifestant palestinien a trouvé la mort lors d'affrontements particulièrement violents.
« Qu'Israël construise sur son propre terrain »
En septembre 2007, les manifestants de Bilin ont obtenu une importante victoire juridique. La Cour suprême israélienne a ordonné la modification du tracé du mur afin de restituer aux Palestiniens l'essentiel des terres cultivables. « Malgré cette décision, la barrière empiète toujours sur les territoires situés du côté palestinien de la ligne verte, s'indigne Ronnie. Si Israël veut construire un mur, qu'il le fasse, mais sur son propre terrain. »
Loin de désarmer face au peu de résultats obtenus ¯ la construction de la barrière de sécurité est quasiment achevée autour de la
Cisjordanie ¯ les organisations présentes à Bilin se tournent désormais vers la diplomatie française. Fin juillet, trente-six d'entre elles ont adressé un courrier au ministre des
Affaires étrangères, Bernard Kouchner, pour lui demander de faire pression sur Israël.
« Nous voulons surtout que cesse le climat de terreur qui règne dans le village. Car, chaque semaine, l'armée effectue des incursions nocturnes et procède à des arrestations arbitraires. Kouchner peut nous aider car il jouit d'un prestige international et d'une bonne image en Israël, résume Ronnie Barkan. Mais nous sommes convaincus que seules des sanctions pourront faire plier Israël. »