blog du Npa 29, Finistère
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Auteur de L'impossible capitalisme vert, Daniel Tanuro propose dans cet article une analyse du Manifeste écosocialiste du Parti de gauche. Mettant en évidence les avancées réelles contenues dans ce texte mais aussi ses limites, il contribue ainsi au débat crucial sur la nécessaire stratégie écosocialiste.
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Le Manifeste écosocialiste du Parti de Gauche est un document important. Pour la première fois en France, une force politique représentée dans les enceintes parlementaires se réclame de l’écosocialisme pour tenter de conjuguer revendications sociales et exigences écologiques, dans une perspective de rupture avec le capitalisme. La condamnation du productivisme est sans appel.
Le fait que le texte écarte comme socialement injuste et écologiquement criminelle la stratégie social-démocrate de relance du système (Thèse 6 : « Nous n’attendons donc ni la reprise de la croissance ni les effets bénéfiques de l’austérité : nous ne croyons ni à l’une ni aux autres ») témoigne d’une prise de conscience de la gravité de la situation ainsi que de l’urgence des mesures à prendre pour y faire face. C’est dire que le Manifeste contribue à ouvrir un débat politique fondamental : quelle alternative à la cogestion du capitalisme par les Verts et le social-libéralisme ? Quel programme, quel projet de société, quelle stratégie pour un socialisme antiproductiviste ?
Ce débat ne fait que commencer.
La gauche, pour l’approfondir, gagnerait à s’immerger davantage encore dans les problèmes environnementaux, dont elle peine à prendre la mesure. A cet égard, la pente gravie par le Parti de Gauche depuis que ses fondateurs ont quitté le PS est remarquable. Cependant, le point n’est pas encore atteint à notre avis d’où les militant-e-s pourraient embrasser du regard toute l’immensité des défis. Le chemin qui reste à parcourir peut se mesurer notamment au fait que le Manifeste écosocialiste du PG considère les technologies comme socialement neutres (Thèse 13 : « Le problème n’est pas la technique en soi mais bien l’absence de choix et de contrôle citoyen »… comme si l’hypothèse d’un « nucléaire socialiste » était envisageable !) et ne dit rien des agrocarburants, du gaz de schiste ou de la capture-séquestration du carbone. Mais notre principale critique est que le PG ne se prononce pas pour l’abandon des combustibles fossiles et n’aborde pas franchement certaines contraintes majeures de la transition vers un système intégralement fondé sur les énergies renouvelables. En fait, en dépit de toutes les excellentes choses qu’il contient, le Manifeste du PG ne semble pas saisir l’ampleur formidable du défi énergétique/climatique à relever dans les quarante ans qui viennent et qui constitue selon nous la raison essentielle pour laquelle l’écosocialisme est une nécessité brûlante.