17 octobre 2012
L'UFC-Que Choisir de Bretagne vient de réaliser, sous forme de cartographie, une étude de la fracture sanitaire en Bretagne. Elle révèle les difficultés d'accès aux soins médicaux, qu'elles soient liées à l'éloignement ou aux dépassements d'honoraires.
L'enquête réalisée, l'an dernier, par l'UFC-Que Choisir de Bretagne, et pour laquelle 2.180 Bretons ont répondu, a révélé que leurs
principales inquiétudes en matière de santé concernent le coût et la proximité médicale. Une préoccupation dont les raisons sont confirmées par l'étude de la localisation des médecins et des
tarifs pratiqués. «Le résultat est sans appel: les Bretons sont victimes de ce qu'il convient d'appeler une fracture sanitaire», résume Yves Bernard, président régional de l'UFC-Que
Choisir.
Généralistes: la situation se tend
Ce n'est pas la carte des médecins généralistes qui paraît la plus alarmante. Il est vrai qu'aujourd'hui, la Bretagne est plutôt mieux lotie que la plupart des
régions. C'est le fruit de son attractivité et de son maillage urbain. Mais, on le sait, les perspectives d'évolution de la densité médicale sont telles qu'il y a du souci à se faire dans un
avenir proche. Et il faut aussi remarquer que l'association de consommateurs a défini la proximité médicale en retenant une distance de 30km, ce qui est plutôt élevé pour un médecin de famille. À
cela s'ajoute l'impact de la pénurie de médecins qui limite leur capacité à accepter de nouveaux patients, une donnée qui n'est pas prise en compte dans l'étude mais qui ajoute aux difficultés
des secteurs ruraux.
Spécialistes: trop loin trop cher
«La situation est bien plus grave pour les gynécologues, ophtalmologues et pédiatres», note Yves Bernard. «21% de la population bretonne réside à plus de 40km
d'un gynéco et ils sont 13% pour un ophtalmo. Ces chiffres grimpent à 27% et21% pour les spécialistes qui ne pratiquent pas de dépassements d'honoraires (secteur 1). «C'est la double peine en Centre-Bretagne,
là où la pénurie de généralistes s'accélère, où les spécialistes sont rares et où les revenus sont faibles.
Beaucoup de gens ne bénéficient pas d'une mutuelle qui rembourse les dépassements d'honoraires». Il n'y a pas que les zones rurales isolées à être victimes de cette fracture. «C'est aussi le cas pour une ville comme Saint-Brieuc,
par exemple, dès lors que les patients n'ont pas les moyens de consulter un ophtalmo du secteur2. Même dans l'agglomération rennaise, on commence à trouver des zones en tension». En revanche, le
littoral sud ne connaît aucune difficulté.
Traitement de cheval
Le diagnostic est posé. Reste à prescrire le traitement. Pour YvesBernard, une prescription brutale s'impose pour repeupler les déserts médicaux: «Les incitations
n'ont pas suffi, il faut en arriver à interdire l'installation dans les secteurs surabondants. C'est la règle pour les pharmacies, alors pourquoi pas pour les cabinets médicaux?». Une proposition
que l'UFC-Que Choisir compte soumettre aux parlementaires bretons.
http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/acces-aux-soins-la-fracture-bretonne-17-10-2012-1874496.php