8 décembre 2010 - Le Télégramme
Sans surprise,le tribunal de grande instance de Brest a, hier, constaté l'échec de la procédure de sauvegarde ouverte le 7décembre 2009 au bénéfice de la fédération ADMR. Le parquet, lui, va demander une enquête.
La vice-procureur Jouhanny, en charge du dossier de l'Aide à domicile en milieu rural du Finistère, n'y va pas par quatre chemins et pointe les dysfonctionnements d'un an de procédure de sauvegarde stérile. «Le plan de licenciements, énorme (NDLR, 86 salariés, et 34 reclassements) car il concerne plus de la moitié de l'effectif, n'est pas abouti. La situation financière est confuse.
Socialement, la situation est extrêmement difficile. On ne peut pas accepter un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de cette nature. Pour cela, il faut un minimum
de bonne foi, un minimum de bonne volonté. Par exemple, nous n'avons jamais eu le mode de calcul de la péréquation demandé, pourtant, tout au début. Nous sommes dans l'opacité la plus totale. On
nous raconte n'importe quoi, à commencer par l'avocat de la fédération (NDLR, MeNovel est aussi celui de l'Union nationale). Cette histoire ne va pas se finir chez nous. Ça va se finir à Paris et
certains ont du souci à se faire. Nous allons demander une enquête. Et nous verrons jusqu'où nous pourrons aller».
Les 5,8 M€ exigibles dans 45 jours
La décision de justice rendue hier induit le dégel des 5,8M€ de dettes de la fédération. Elles seront exigibles par les créanciers dans 45 jours au plus tard. «Il
faut faire face à ce qui nous arrive», juge Yves Derrien. Il faut que l'on prépare cela si on ne veut pas que le réseau (la fédération et les 92 associations) s'écroule. C'est à nous de nous
organiser». Est-ce possible en un mois et demi quand rien n'a été fait en une année entière? Lassées, des associations locales, créancières de la fédération, envisagent de demander très vite le
remboursement des sommes dues.
D'autres, proches de la cessation de paiement, sont maintenues «sous perfusion» par la fédération ou par l'Union nationale, qui met la main au portefeuille. Un portefeuille bien garni: pour préserver le réseau qui fait vivre ses sociétés privées, l'Union nationale devrait financer le PSE de la fédération du Finistère. Jusqu'où ira-t-elle? «Le plus décent serait que la fédération se déclare en cessation de paiement, estiment des élus du personnel. Elle serait alors mise en redressement judiciaire. Un administrateur prendrait la main et c'est le problème car la gouvernance ne veut pas laisser le pouvoir». Principal financeur, le conseil général, lui, ne répond pas et il n'est pas prêt de le faire si l'on s'en tient aux propos que tenaient Pierre Maille en avril dernier. «Tant que nous n'aurons pas de visibilité à long terme sur le plan de pérennisation du réseau, il ne sert à rien de s'engager».
- Karine Joncqueur
Une enquête préliminaire sur les comptes de la fédération ADMR du Finistère a été ouverte en raison de soupçons de gestion douteuse. L'antenne de Brest de la police judiciaire est chargée de conduire les investigations. Elle enquêterait notamment sur les liens entre la fédération départementale et l’Union nationale ADMR.
C’est ce que l’on vient d’apprendre en marge d’une affaire qui dure maintenant depuis plus d’un an. Ces soupçons de gestion douteuse sont alimentés par l’incapacité de la fédération ADMR 29 à présenter des mesures « sérieuses, réalistes et cohérentes » pour redresser sa situation financière bien qu’elle ait bénéficié d’une procédure de sauvegarde. Ouverte en décembre 2009, celle-ci vient d’être clôturée par le tribunal de Brest.
Celui-ci constate notamment que la fédération ADMR ne propose qu’un « financement incertain » pour mettre en œuvre un plan social qui prévoit 86 suppressions d’emploi, dont 52 licenciements et 34 reclassements.