Administrateurs et salariés : rupture consommée
Mardi dernier, 80 des 130 salariés de l'ADMR 29 (*), sous procédure de sauvegarde, ont débrayé. «Contrarié», leur président a rompu tout dialogue. De fait, le comité d'entreprise s'est adjoint les services d'un avocat.
«Ça va partir en sucette», assure Régis Thuault, élu du comité d'entreprise de la fédération. Pour mémoire, en novembre dernier, le conseil d'administration (CA) du
réseau ADMR 29 faisait brutalement état d'un déficit de 10 M€, cumulé entre 2008 et 2009. En décembre, seule la fédération(130salariés) était placée sous procédure de sauvegarde. Une mesure
restreinte qu'avaient dénoncée les élus du CE, pour qui le réseau d'aide à domicile constitue une unité économique.
60 % des associations sous menace d'huissier
«Aujourd'hui, 60 % des associations du réseau (3.700 salariés, 28.000 personnes aidées) sont sous le coup imminent d'une procédure d'huissier. Sous procédure de sauvegarde, la fédération ne paye
plus les charges sociales, comme elle le faisait, pour les associations qui ne pouvaient les assumer et qui ne le peuvent toujours pas. Par huissier, elles ont été mises en demeure de
payer».
Du côté de Carhaix, on s'organise déjà pour monter un réseau associatif parallèle (lire encadré). À Huelgoat, Robert Cleuziou, président, a, localement, démissionné
de sa fonction, sans renoncer à son poste de trésorier du CA fédéral. «Nous savons aussi que plusieurs associations se seraient rapprochées de leur municipalité pour qu'elle reprenne
l'activité».
Que proposent le CA et son nouveau président, Christian Maguet, petitement élu - avec 12 voix sur 26 -, bien que seul candidat, et injoignable? «Aucun projet constructif n'a été présenté», selon les délégués du personnel. «Il a été voté la constitution d'un groupe de réflexion. Le CA attend la restitution, aujourd'hui, par Me Robert - administrateur judiciaire -, du bilan économique et social, étendu au réseau ADMR29.
Il y a dix jours, nous avons pris contact avec celui-ci. Il juge la situation opaque et souhaite obtenir plus de détails sur la construction financière du réseau.
Seuls le président, les trois vice-présidents et le trésorier devraient assister à cette restitution. Notre représentant n'y est pas convié, pas plus que la direction de la fédération. Ça va à
l'encontre de la procédure légale», indique RégisThuault. Une direction de fédération, bordurée, qui a affirmé, hier, n'avoir rien de neuf à communiquer.
«On peut parler d'entrave à l'information»
Que peut décider Me Robert ? «Il peut demander un redressement judiciaire sur l'ensemble du réseau ou par entité. Dans ce deuxième cas, il peut demander aux associations qui sont redevables à la
fédération de la payer, et elles seront liquidées», analyse Régis Thuault.
«Nous nous étonnons, par ailleurs, que le conseil général ne soit pas intervenu en tant que financeur et organisme de tutelle pour s'impliquer dans les débats».
Celui-ci a informé qu'il interviendrait «dans un second temps». Régis Thuault confirme, enfin, qu'une attaque en justice contre les décideurs pourrait être menée. «On peut parler ici d'entrave à
l'information vis-à-vis des salariés mais aussi des financeurs».
* À Plabennec, ils ont manifesté leur colère à l'encontre de leur direction et des administrateurs décisionnaires. Ils craignent le dépôt de bilan, comme à Lille et à La Réunion,
récemment.
- Karine Joncqueur