23 mars 2013
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Quelques jours après l'annonce de sept licenciements à l'ADMR du Poher, les salariées de l'association ont voulu faire connaître leur point de vue. Elles estiment possible un développement de l'activité. Sous certaines conditions.
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Depuis quelques années, l'ADMR du Poher traverse une zone de turbulences. À l'instar d'autres associations locales, elle a subi de
plein fouet la crise qui a secoué la Fédération départementale et a dû, de surcroît, faire face à une baisse très importante de son volume d'activité. Placée en redressement judiciaire en
décembre 2011 par le tribunal de grande instance de Brest, l'association avait dû se séparer de 17 salariés. Il y a quelques jours, elle a procédé à sept nouveaux licenciements. « Il s'agit de
six départs volontaires et d'un licenciement économique », précisait, mardi, dans nos colonnes, Alain Bertail, le président de l'association, pour qui l'ensemble de ces mesures « était nécessaire
pour garantir la pérennité de l'association et permettre l'équilibre des comptes ».
« Une baisse de salaire inacceptable »
Dans les rangs des aides à domicile, l'annonce de ces licenciements est vécue « douloureusement » mais « n'étonne guère ». Alors qu'elles ne s'étaient jusqu'ici pas
exprimées, les salariées ont souhaité faire connaître leur point de vue. « Le 23 novembre, lors d'une réunion avec une représentante de l'administrateur judiciaire et le responsable de
l'association, il a été proposé que les aides à domicile baissent leur contrat de 10 %, ce qui équivaut à une diminution globale de 4.500 heures par an, et ce pour pouvoir assurer la pérennité de
l'association.
À une très large majorité, les salariées ont refusé cette proposition.
Elles savaient alors qu'elles risquaient un licenciement, mais la modification du contrat de travail s'accompagnait d'une baisse de salaire qu'elles ne pouvaient pas
accepter. Financièrement elles ne peuvent tout simplement pas se le permettre. D'une part, parce que les salaires ne sont déjà pas très élevés; d'autre part, parce que beaucoup de salariées ne
sont pas à temps plein », expliquent les déléguées CFDT du personnel. Cette proposition est donc vécue comme un « nouveau coup dur » par une profession « déjà pénalisée par la baisse de la prise
en charge des frais kilométriques combinée à la forte hausse des prix des carburants ». « Lorsque le 14 février, des licenciements pour motif économique sont envisagés, nous avons demandé que
soient prises en compte les demandes de départs volontaires » poursuivent les déléguées du personnel. Mais quand le couperet tombe, c'est l'incompréhension. « Sept postes supprimés, c'est
beaucoup plus que la diminution de 4.500 heures proposée en novembre pour assurer la survie de l'association ».
« Recréer un climat de confiance »
Les aides à domicile espèrent qu'il s'agit là « de la dernière vague de licenciements » et que l'ADMR du Poher mettra en place une politique de développement pour «
retrouver la place qu'elle occupait auparavant ». « Cela fait mal au coeur, soupire une salariée, qui a participé au développement de l'association créée il y a une quarantaine d'années.
L'activité a augmenté jusqu'en 2008 (*) avant d'être divisée par deux ces cinq dernières années et le nombre de salariés ramené à 32 ». Pourtant, un développement est possible, estiment les
déléguées du personnel. « Mais pour cela il faut recréer un climat de confiance au sein de l'association, travailler sur la qualité des interventions et mettre en avant les compétences des
salariées ». Des salariées qui tiennent par ailleurs à remercier les personnes aidées qui leur ont maintenu leur confiance « malgré les difficultés traversées par l'association », ainsi que le
maire de Carhaix et conseiller général, « qui a toujours été à l'écoute ».
* En 2008, près de 75.000 heures avaient été réalisées par quelque 80 aides à domicile.
- Nathalie Com