
Il en reste un peu moins de 500 000. Le recensement 2010, que nous publions ce matin, révèle aussique le nombre de paysans est passé sous le seuil du million (3,5 % de la population active).
La première décennie du XXIe siècle ne marque pas une rupture avec ce que connaissaient les pays développés depuis le milieu du XIXe siècle : la baisse continuelle des exploitations agricoles et la disparition de nombreux paysans. En 2010, la France est passée sous la barre des 500 000 exploitations et la production agricole directe occupe désormais moins d'un million de bras.
Fait inéluctable ? Il faut y regarder de plus près. Tout d'abord, le nombre d'agriculteurs et agricultrices chefs d'exploitation résiste. Signe qu'ils continuent à s'associer sous une forme ou sous une autre, à la fois pour partager les coûts de production et obtenir une meilleure rentabilité de leur exploitation. Et surtout pour se libérer des astreintes quotidiennes du métier, en particulier dans le secteur de l'élevage.
Un chef d'exploitation sur quatre est une femme
Fait notable : désormais, plus d'un chef d'exploitation sur quatre est une femme en France. Signe d'une sorte de révolution culturelle dans le monde agricole amorcée depuis longtemps. Ayant gagné, de haute lutte, le statut de co-exploitante, elles ont revendiqué et obtenu, pour une partie d'entre elles, le statut d'exploitante. Le secteur agricole connaît ainsi les mêmes évolutions que la société française.
Nul doute qu'il faudra nuancer les résultats du recensement 2010. Il a fait une plongée en profondeur dans la description des exploitations et dans les motivations des personnes, et a décrypté des évolutions complexes. Mieux formés, les agriculteurs inventent, avec le soutien d'une frange de plus en plus grande de consommateurs, de nouvelles formes d'organisation. Malgré les crises, l'agriculture française n'a pas fini de surprendre.
François Lemarchand
Avec Ouest-France, aujourd'hui, un supplément gratuit Paysans de l'Ouest, « 2001-2011, la mutation ». Demain, « Les défis de l'agriculture ».
Commentaire: C'était bien le but recherché par la politique agricole commune: la concentration des terres aux mains de "chefs d'entreprises rentables" qui se partagent les subventions et
l'élimination des petits paysans. Nous défendons une agriculture pauysanne de proximité et l'établissement prioritaire de jeunes.