Ce matin, quelques dizaines de manifestants se sont invités à l'inauguration de la maternité porcine (883 truies, 23.000 porcelets) de Ker-Ana à Trébrivan (22), créée à l'initiative de
cinq agriculteurs.
Les porte-paroles des nombreuses associations (*) environnementales se se sont succédés sur une remorque de tracteur installée dans un
champ à 200 m de l'exploitation pour fustiger cette installation, symbole d'un " modèle agricole industriel et productiviste destructeur sur le plan de l'emploi, de l'espace et de la
santé".
Cette maternité va mobiliser 400 ha de terres d'épandage. Autant de moins pour les besoins des éleveurs locaux, soulignent les associations qui rappellent qu'elles
avaient demandé à ce que l'autorisation préfectorale d'exploiter soit conditionnée à la présence d'une unité de compostage.
Maternité porcine de Trébrivan. Rose cochon ou rose layette?
15 janvier 2011 -
«Comment admettre que l'on ferme des maternités dans les hôpitaux et que l'on crée des maternités de cochons à la campagne?». C'est la
question, crue, qui s'est posée, hier matin, dans un champ de Trébrivan, où s'étaient réunis plusieurs dizaines de manifestants, venus exprimer leur opposition au projet de maternité porcine de
Ker-Ana, que l'on inaugurait au même moment. Plus largement, c'est leur hostilité envers une «agriculture industrielle et productiviste financée par l'agrobusiness» qu'étaient venus exprimer les
opposants.
«Second volet du massacre»
La manifestation, pacifique, revêtait aussi un caractère fortement symbolique. Tout d'abord, par le nombre de porte-parole de puissantes associations
environnementales présents. Par la présence, aussi, des parents de Thierry Morfoisse, décédé en juillet 2009 alors qu'il convoyait des algues vertes de Binic. Manifestation symbolique, également
par le lieu: Trébrivan, là même, où, il y a 40 ans, s'engageait un combat contre un remembrement ravageur de vergers et de talus.
Mais «ce second volet du massacre-synonyme d'exode rural et de pollution durable-ne signifie pas qu'il faille baisser les bras», lance Sylvie Gourdon, présidente de l'association «Sous le vent, les pieds sur terre». «Tant qu'une poignée de citoyens s'opposera aux violences faites aux hommes et à la nature, le combat ne sera pas perdu». Pour Jean PierreLeBihan, vice-président de la chambre d'agriculture en charge de l'environnement, «ce projet est (au contraire) moderne, bien conçu.
Il ne va apporter que 12.500 unités d'azote dans un canton qui en a perdu 240.000 depuis 2006», a-t-il expliqué au cours de l'inauguration de la maternité. «Les gens qui manifestent aujourd'hui sont les mêmes qui réclamaient le maintien de l'abattoir de Saint-Nicolas-du-Pélem quand il a brûlé. Si on veut de l'agroalimentaire, il faut des élevages et des paysans». «Mais, justement, avec de tels projets industriels, y aura-t-il encore beaucoup de paysans demain?», s'interroge Jean-Marc Thomas, de la Confédération paysanne. «En 20 ans, en Bretagne, nous sommes passés de 100.000 à 37.000». Des chiffres pas roses du tout...
- Hervé Queillé