23 avril 2010 Le Télégramme
La famille de Thierry Morfoisse, ce chauffeur mort l'été dernier alors qu'il venait de déverser des bennes d'algues vertes, a déposé une plainte contre X, hier, à Saint-Brieuc, pour homicide involontaire. Mais elle va devoir s'armer de patience avant un éventuel procès.
«On voudrait voir écrit en grand dans les journaux: ThierryMorfoisse est mort à cause des algues vertes». Saint-Brieuc, tribunal de grande instance hier après-midi. Côte à côte sur le perron du palais de justice, au milieu d'une cinquantaine de militants écologistes, Carolanne, Claude et Jeanne Morfoisse se sont installés derrière une immense banderole blanche sur laquelle plusieurs têtes de mort précèdent la mention: «Ça suffit!». Neuf mois, jour pour jour, après la mort de Thierry, la fille et les parents du chauffeur de Lanvollon sont venus remettre au doyen des juges d'instruction briochin une plainte contre X, avec constitution de partie civile, pour homicide involontaire. Leurs volontés? «Laver la mémoire de Thierry» et empêcher que ce qui lui est arrivé ne se reproduise.
La caution scientifique
Car le 22 juillet dernier, au volant de son camion, à Binic, Thierry Morfoisse est mort d'une récidive d'infarctus du myocarde. Alors qu'il venait de décharger trois bennes d'algues vertes. Début
mars, après avoir épluché différentes analyses médicales, trois scientifiques chevronnés se sont prononcés sur les causes du décès. Pour eux, «l'inhalation de sulfure d'hydrogène (gaz émis par
les algues en décomposition, NDLR) a, de manière quasi certaine, déclenché l'infarctus ayant entraîné le décès de M.Morfoisse, le 22juillet 2009». Et selon le chercheur Claude Lesné, si lui et
ses collègues se sont contentés de la mention «quasi certain», «c'est parce qu'en médecine, on ne peut jamais dire certain». Autrement dit, le doute n'est pas de mise.
«Nous irons jusqu'au bout»
Alors, tant pis si le procureur Gérard Zaug a décidé de classer sans suite l'enquête préliminaire susceptible d'établir un lien entre le décès et les algues, la famille Morfoisse, elle, veut
poursuivre son combat judiciaire. «Nous irons jusqu'au bout. Pour défendre la mémoire de notre fils et les droits de notre petite-fille», certifie ClaudeMorfoisse. Mais l'attente risque d'être
longue à en croire Marc Cazo, l'avocat des Morfoisse: «Si le doyen des juges d'instruction décide de mettre la machine judiciaire en branle, cela peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs
années». Une éventualité à laquelle est déjà préparée Carolanne Morfoisse. «Au moins la plainte est déposée. Désormais, il n'y a plus qu'à attendre».
- Julien Vaillant
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Les visages graves, les banderoles et le silence auraient pu suffire... Mais c'est au son du biniou que le comité de soutien a souhaité faire son entrée au palais de justice de Saint-Brieuc aux côtés de la famille Morfoisse.
Hier, donc, la famille de Thierry Morfoisse, ce chauffeur de 48 ans mort l'été dernier après avoir transporté des algues en décomposition, de Binic à Lantic, a déposé plainte contre X pour homicide involontaire auprès du doyen des juges d'instruction de Saint-Brieuc. « On veut défendre la mémoire salie de notre fils », ont justifié sur les marches du palais Jeanne et Claude Morfoisse.
Pourquoi le doyen des juges d'instruction ? « Le procureur de la République de Saint-Brieuc a décidé de classer sans suite ce dossier, explique Me Marc Cazo, l'avocat des proches du chauffeur. La famille Morfoisse m'a donc demandé de saisir le doyen pour faire toute la lumière sur ce décès. »
Car les proches de la victime n'ont jamais cru à la thèse de la « récidive d'infarctus du myocarde », thèse retenue par le parquet. Encore moins depuis que trois scientifiques ont établi, début mars, « un lien direct » entre la mort du chauffeur et l'inhalation d'hydrogène sulfuré dégagé par les algues en décomposition.
Cette plainte pour homicide involontaire avec constitution de partie civile est une nouvelle étape dans le combat de la famille et des associations environnementalistes. Une étape qui pourrait être longue. « Plusieurs mois, voire plusieurs années », prévient Me Cazo.
François GRÉGOIRE.