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Annick Coupé, 59 ans, est porte parole depuis 2001 de l'Union syndicale Solidaires. Celle-ci, qui regroupe en particulier les syndicats Sud (Solidaires Unitaires et Démocratiques), revendique 100 000 adhérent-e-s, également réparti-e-s dans le public et le privé dont elle touche environ 20% des salarié-e-s.
Est-ce que l'Union Solidaires fait partie des « partenaires sociaux » ?
On ne se considère pas comme des « partenaires sociaux ». C'est une manipulation des mots : on dit « partenaires sociaux » plutôt que syndicats. Et puis, qui dit « partenaires » dit intérêts communs et je pense que l'on n'a pas forcément des intérêts communs avec le patronat.
En 2007, François Hollande, alors Premier secrétaire du Parti socialiste, se félicitait dans le journal Sud-Ouest de « l'évolution réformiste de la CGT », « à encourager » et affirmait : « Le syndicalisme que l'on doit combattre, c'est celui de Sud. »
On avait trouvé un peu fort de café que le premier secrétaire d'un parti fasse le tri entre les « bonnes » et les « mauvaises » organisations syndicales. On l'avait rencontré quelques temps après et on s'en était expliqués. Il nous a dit alors qu'il n'avait jamais dit ça, affirmant qu'il n'avait « pas d'ennemi dans le syndicalisme ».
Solidaires n'a pas participé aux négociations nationales sur « la sécurisation de l'emploi et la flexibilité du marché du travail »... Et si vous y aviez été invités, y seriez-vous allés ?
À priori, on y aurait été au moins une fois, mais comme on se serait rapidement heurté au Medef, on se serait posé aussi la question de la construction d'un rapport de forces et d'une mobilisation face à un patronat qui sort l'artillerie lourde et ne vise qu'à casser les droits sociaux. Actuellement, on a un gouvernement qui fixe un impératif, un « compromis historique », un patronat à l'offensive et des organisations syndicales, semble-t'il divisées, dont pas une qui ne fasse de vraie proposition de mobilisation, pour l'instant. La participation à ce genre de négociation n'est pas en soi un problème, le problème est de négocier à froid sans tentative de mobilisation sociale. On y serait allés, mais peut-être qu'on se serait trouvés devant la nécessité de claquer la porte !