blog du Npa 29, Finistère
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Par (11 avril 2013)
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Du plutonium est en partance pour le Japon.
Alors que, deux ans après Fukushima, populations et autorités locales se débattent toujours face aux contaminations radioactives, un convoi nucléaire, affrété par Areva, doit appareiller mi-avril de Cherbourg vers l’archipel japonais. Pourquoi l’entreprise continue-t-elle à exporter du combustible nucléaire vers un pays traumatisé ? Quels sont les enjeux commerciaux et industriels qui se cachent derrière le Mox ? Et les menaces potentielles que fait planer ce business nucléaire ? Enquête.
Les exportations de combustibles nucléaires reprennent vers le Japon.
Après deux ans d’interruption, liée à la catastrophe nucléaire de Fukushima, Areva s’apprête à y expédier une nouvelle cargaison de « Mox », alors même que les contaminations radioactives se poursuivent. Le Mox, c’est cet assemblage d’uranium appauvri et de plutonium, fabriqué par l’usine Melox, située sur le site de Marcoule, dans le Gard. C’est aussi un combustible vivement critiqué par les écologistes ainsi que par des experts indépendants, pour sa haute toxicité et les nombreux problèmes de sûreté nucléaire qu’il pose.
Pourquoi Areva s’entête-t-elle à fabriquer et à commercialiser du Mox ?
Pourquoi en expédier au Japon, alors même que du Mox a probablement fondu au sein de l’un des réacteurs de la centrale de Fukushima, contribuant à disperser du plutonium alentour ? Quels sont les enjeux qui se cachent derrière ce combustible hautement dangereux ?
Un assemblage de Mox contient environ 500 kg de matières fissiles sous forme de « crayon », dont 7% à 9% de plutonium. Un seul assemblage permettrait, selon Areva, « d’alimenter en électricité une ville de 100 000 habitants pendant un an ». Cette évaluation semble très optimiste, et correspondre à un rendement tout à fait théorique : cela signifierait qu’un seul réacteur, qui compte entre 120 et 250 assemblages en activité dans sa cuve, serait capable de produire assez d’énergie pour alimenter en électricité 12 à 25 millions d’habitants par an.
La France comptant 58 réacteurs, elle pourrait, selon le chiffre d’Areva, fournir en électricité entre 696 millions et 1,45 milliard d’habitants... Les calculs de Jean-Claude Zerbib, ancien ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique (CEA, principal actionnaire d’Areva), arrivent à une conclusion assez différente : un assemblage produirait en énergie électrique « de quoi alimenter pendant un an 15 736 habitants et non 100 000 », au vu de la consommation d’électricité par an et par habitant en 2009. [1]