Le mouvement qui débute aujourd’hui réclame bien sûr une augmentation du prix de la viande , mais c’est aussi une façon à la FNSEA de se dédouaner .
Une longue explication s’impose, tout d’abord la FDSEA 03 apporte une logistique aux paysans sur place ils ne sont pas responsables de la stratégie suicidaire des décideurs.
Bigard, en grande partie, a racheté des unités coopératives et ce, aussi par la faute d’un désengagement de toute la profession y compris du crédit agricole, qui ne l’oublions pas, a été créé par les paysans mutualistes, comme GROUPAMA, il ne reste rien de ces deux institutions sinon des slogans minables .
Bigard a racheté SOCOPA qui était à Montmaraux dans l’Allier, détenue à 51% par SOCAVIAC, groupement de producteur. Mais l’outil avait là aussi a été créé par les paysans coopératifs ; il y a trente ans c’étaient des ringards dépassés, nous constatons les dégâts. Aujourd’hui, la FNSEA réclame 50cc d’augmentation sur le KG de viande, certes utile, indispensable pour survivre, mais personne ne dénonce la mise aux normes américaines de tous ces centres, la fermeture programmée de leur ligne d’abattage notamment à Villefranche ; ce qui permet de supprimer les circuits courts et les ventes directes et la concentration dans des unités de plus en plus grosses en attendant de pures et simples délocalisations .
De même, excusez moi de rappeler un peu d’histoire de la SOCOPA - qui sans vergogne pillait les pays de l’Est dans les années 90, la viande arrivait à des prix insultants -, je me rappelle le 1er octobre 1990 le ministre des affaires étrangères Dumas avec le président de la FNSEA qui annonçaient une augmentation de 10 % des importations de viande de ces pays ; le Soir nous décidions de passer à l’action, nous avions déjà intercepté de nombreux camions en provenance de l’Est avec de la viande avariée qui finissait sur les tables à découper de SOCOPA et sa machine à steaks hachés ! la nuit j’étais avec mes camarades arrêtés, et mis en examen après 24 heures de garde à vue et 3000 bourbonnais dans les rues de Moulins pour me sortir de là ; ce que nous dénoncions à l’époque se met en place implacablement et les paysans paient lourdement l’addition.
Nous avions tort d’avoir raison trop tôt
Je suis sûr que provisoirement une sortie de crise va être trouvée , mais à moyen et long terme si l’on ne s’en prend pas au fond ( ce n’est pas la FNSEA qui le fera ) Bigard et les autres vont continuer leur plan et dans quatre matins la viande va arriver encore plus vite d’Amérique ou d’ailleurs, moins chère. Jusqu’à présent ils avaient besoin de l’image du paysan français, cela devient de moins en moins nécessaire car les budgets serrés du consommateur feront qu’il ira au moins cher, de toute façon .
En conclusion , il est urgent de réagir même si c’est déjà tard , mais il faut revoir la politique agricole toute entière, sortir le dossier agricole de l’OMC.
Le prix de la viande , le prix du lait le prix de tous les produits agricole ne sont pas fixés en fonction des prix de revient mais en fonction de la main mise de la finance dans l’agro alimentaire, mais à la FNSEA les administrateurs sont aussi responsables de ce qu’on appelle encore des coopératives même si elles en ont que le nom.
Pendant ce temps les paysans se battent pour conserver leur outil de travail, le transmettre, mais c’est une bataille inégale les banques décident et les paysans trinquent (mon banquier : "je suis le financier , c’est moi qui décide")
C’est pourquoi j’appelle toujours de tous mes voeux , le travail en symbiose des syndicats paysans et ouvriers, nous avons tous les mêmes besoins , les mêmes problèmes, le même adversaire : le capitalisme , et le profit comme objectif essentiel.