16 novembre 2010 -Le Télégramme
Trois communes s'associent,cette année,à la Journée internationale pour l'élimination de la violenceà l'égard des femmes. Brest, Guipavas et Le Relecq proposent débats, conférences, exposition et criées publiques.
Première bande dessinée consacrée à toutes les formes de violences faites aux femmes, «En chemin elle rencontre...», oeuvre d'un
collectif d'artistes aux éditions Des Ronds dans l'O, sera le fil rouge de ces journées à Brest, Guipavas et Le Relecq-Kerhuon. L'éditrice Marie Moinard y a laissé un peu de son histoire. «Du 19
au 30 novembre, plusieurs actions vont sensibiliser et faire parler de cela. C'est indispensable, même en 2010 et malgré une loi votée cet été qui, si elle était appliquée, permettrait aux femmes
d'être plus soutenues. Il faut aider les femmes àsortir du bois et à dire ce qu'elles subissent. On débute à trois et on espère que les huit communes de BMO participeront l'an prochain», souligne
Françoise Bachelier, vice-présidente de BMO et conseillère municipale à Brest, entourée de ses consoeurs élues de Guipavas, Caroline L'Hostis et Martine Heuzet, et du Relecq-Kerhuon, Chantal
Guittet.
Deux nouveaux délits
La loi du 9 juillet 2010 prévoit notamment l'ordonnance de protection qui peut être délivrée par le juge aux affaires familiales lorsque l'agresseur, ancien époux
ou compagnon, met en danger la femme victime. L'homme violent qui ne respecte pas cette protection peut être condamné à deux ans de prison ou à porter un bracelet électronique. Le texte crée
aussi de nouveaux délits: harcèlement au sein d'un couple ou contrainte au mariage, pour lutter contre les mariages forcés. Difficile de donner des chiffres précis sur l'ampleur des agressions
dont les femmes sont victimes. Les plaintes enregistrées par la police ou la gendarmerie ne donnent pas une bonne mesure de la réalité, et tout le monde ne compte pas la même chose.
Très mal rapportées
Les violences dans le couple sont les plus mal rapportées: un cinquième des victimes de violences physiques, le tiers des victimes de violences sexuelles, n'ont pas
porté plainte, ni parlé à qui que ce soit. La police ne reçoit que 12% des victimes pour les violences physiques et 8% pour les violences sexuelles. Le secret est moindre mais toujours important
pour les violences sexuelles non familiales: 18% s'adressent à la police et 12% n'en parlent à personne (source Insee). L'extrapolation des chiffres de l'enquête Enverff 2000, basée sur les
déclarations des femmes : 5.300 Finistériennes victimes d'agressions physiques, 25.000 victimes de violences conjugales, par ailleurs mille victimes de viols, dont 200 à Brest. Les journées de
sensibilisation sont là aussi pour faire connaître le dispositif mis en place par la collectivité afin d'aider les victimes. Deux foyers d'accueil gérés sont ouverts en urgence aux femmes, parce
qu'il n'est pas toujours facile ou souhaitable qu'elles restent au domicile conjugal comme la loi en a prévu la possibilité. Le centre d'information sur les droits des femmes et des familles
(CIDFF) reçoit aussi beaucoup de victimes et l'hôpital a mis en place une prise en charge spécifique.
Une journée le 25 novembre et d'autres rendez-vous
Trois criées publiques, à partir de lectures de coupures de presse relatant des violences faites aux femmes, seront mises en scène par Martine Geffrault, de la compagnie Jafabule, afin d'incarner davantage le sujet, trop souvent cantonné à la rubrique des faits divers.
Les articles ont été sélectionnés à partir du travail de Françoise Daunay, du Planning familial, dont des bénévoles participeront aussi à la lecture:
vendredi, à 19h30, parvis du Quartz;
samedi, à 16h, place de la Liberté;
dimanche, à 11h, square de la Tour-d'Auvergne.
Deux conférences-débats, le jeudi 25 novembre.
La première, à 18h, à l'Alizé de Guipavas, 90, rue Commandant-Challe, sur la prise en charge des violences conjugales, animée par le CIDFF, avec l'association d'aide aux victimes Émergence (tél.02.98.33.83.83), le conseil général, la gendarmerie, la police, un magistrat et le 115.
La seconde au Relecq-Kerhuon, à 20h, à l'Astrolabe, à l'initiative du CCAS, sur les violences faites aux femmes: comprendre et agir. Après un film, le débat sera animé par Kris, coscénariste de la bande dessinée «En chemin elle rencontre...» écrite par 34 artistes pour dénoncer la violence à l'égard des femmes, soutenue par Amnesty International. Une thérapeute du CRAVS (Centre de ressources pour les auteurs de violences sexuelles) du CHRU de Brest sera aussi présente.
Une exposition, au Relecq-Kerhuon, du 15 au 25novembre, à la mairie, des planches originales de la BD «En chemin elle rencontre...». Une rencontre-débat, le mardi 30novembre, à 20h, à la MPT du Guelmeur, sur le thème: «Violences conjugales, quels vécus, quelles réalités?». À partir de témoignages, le CIDFF et la MPT proposent un échange à partir de témoignages. Après la rupture, beaucoup de femmes continuent encore à avoir peur.
Une manifestation, le jeudi 25 novembre, à 20h, place de la Liberté, à l'initiative du Planning familial qui invite les femmes à une marche de nuit, sans hommes. Après la marche, retour à la mixité en dégustant la soupe que les hommes auront préparée pour échanger autour du thème et signer la pétition «La honte doit changer de camp».
Contacts
Centre d'information des femmes et des familles (CIDFF), 26,rue Fautras, tél.02.98.44.97.47.
CHU, accueil des personnes victimes de violences, urgences de La Cavale-Blanche, tél.02.98.22.33.33.
Foyer des Ajoncs, hébergement d'urgence, Agehb, tél.02.98.49.32.11.
Planning familial, 6, rue de Pen-ar-Créac'h, tél.02.98.44.08.14.
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