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Depuis 1987, Brest métropole océane a délégué au secteur privé la gestion du service de l'eau potable. En 2012, la communauté urbaine reviendra à une gestion publique.Archives Thierry Creux.
François Cuillandre, le président de Brest métropole océane, se prononce pour la création d'une Société publique locale. BMO s'associerait à trois autres syndicats des eaux.
Le débat sur le mode de gestion de l'eau vient probablement d'être tranché. Hier, le président de la communauté urbaine, François Cuillandre, a pris publiquement position. Il s'est dit favorable à la création d'une Société publique locale pour prendre le relais du groupe Véolia à partir de 2012. Ce serait donc la fin du contrat d'affermage mis en place en 1987 et le retour à une gestion publique de l'eau.
C'est en ouvrant le conseil communautaire que François Cuillandre a fait connaître cette « orientation ». « Le contrat passé en 1987 n'est pas un bon contrat », a-t-il estimé. Il a rappelé que le parlement a créé un outil juridique nouveau, fin mai, en votant « à l'unanimité » la loi sur les Sociétés publiques locales.
« La gestion de l'eau doit être réfléchie sur un territoire qui dépasse la communauté urbaine car l'aire de vie du cycle de l'eau ne connaît pas de frontières administratives », a aussi souligné François Cuillandre. La Société publique locale s'élargirait donc aux syndicats des eaux de Landerneau, de Kermorvan et du Chenal du Four (Porspoder).
Décision en octobre
L'orientation étant définie, le président de BMO se donne quatre mois pour boucler le débat mené sur ce « projet ambitieux ». En octobre, le conseil communautaire prendra sa décision. « Il y a urgence à se prononcer, précise François Cuillandre. S'il y a passage de témoin, ce sera plus compliqué qu'un locataire qui remet ses clefs à la fin de son bail. »
C'est jeudi soir que François Cuillandre a fait connaître son choix aux maires de Brest métropole océane. Soit la veille du conseil communautaire. Certains n'ont pas apprécié. C'est le cas de Pierre Ogor, le maire de Guilers. Au nom du Groupement indépendant des communes associées (1), il a usé d'un ton extrêmement virulent, assez inhabituel lors des débats communautaires.
Pierre Ogor a évoqué un choix « idéologique » et défendu le mode de gestion actuel. « 25 ans avec le fermier et tout serait bon à jeter aux chiens ? Je ne le pense pas. » Évoquant la « majorité absolue et disciplinée » de la gauche au sein de BMO, le maire de Guilers a demandé à François Cuillandre de ne pas en « abuser ».
Hormis cet éclat de voix, les autres réactions ont été plus mesurées. Au nom de l'UMP, Laurent Prunier a simplement regretté que « l'on enterre le débat avant qu'il ait lieu ». Mais il n'a pas émis d'objection de principe à la Société publique locale. « C'est peut-être une bonne solution. »
L'indépendant Fortuné Pellicano a souhaité que les élus communautaires soient mieux informés sur les « éléments techniques et législatifs » du dossier. Lui aussi estime que le contrat passé avec Véolia a donné des résultats « très en-dessous de ce que l'on pouvait espérer ». Mais il continue à penser que la société d'économie mixte reste une « structure adaptée » pour gérer l'eau et l'assainissement de BMO.
« Maison de verre »
À gauche, on salue la position de François Cuillandre. Avec, toutefois, des nuances. Enthousiaste, le communiste Maxime Paul, vice-président de BMO chargé de l'eau, voit dans la Société publique locale une « maison de verre où tout le monde pourra venir regarder ».
Jean Quer, pour l'Autre Gauche du pays de Brest, se montre également satisfait. « En 1987, la réponse avait été ultra-libérale. Là, on devrait avoir un meilleur suivi de la gestion technique et financière. »
Les Verts ont fait entendre un son de cloche légèrement différent. Julie Le Goïc a estimé que la Société publique locale était un « dispositif acceptable ». Mais elle n'a pas caché que les Verts souhaitent, à terme, le retour à la régie directe. « Nous avons franchi une étape mais ce n'est pas un aboutissement. »