3 octobre 2010 - Le Télégramme
Quatorze mille manifestants,le 23 septembre, contre la réforme des retraites. Quinze mille, hier. La mobilisation ne s'étiole pas vraiment. Il y avait des nouveaux dans les rangs, ceux et celles pour lesquels il est difficile de faire grève.
La police, le 23 septembre, avait donné 8.000 manifestants. 9.000, hier. Il y a une semaine, les syndicats évoluaient entre 18.000 et
25.000. Hier, entre 20.000 et 28.000. Voilà pour les comptes, un sujet toujours épineux. L'ennemi, en fait, aurait pu venir de l'extérieur, de la pluie. C'était la crainte, pas infondée, des
syndicats. Respectueuse, elle n'a commencé à tomber qu'en fin de manifestation. Le rassemblement était un peu différent des précédents, intervenus en semaine. Il y avait alors davantage de
banderoles «marquées», identifiant l'origine des manifestants, leur entreprise ou secteur d'activité.
Davantage en famille
Elles n'avaient pas disparu hier mais étaient moins nombreuses. On a manifesté davantage en famille. Et plus d'un ou d'une était là pour la première fois. Parce que
faire grève a un coût financier qui n'est pas toujours supportable ou n'est pas forcément aisé dans telle ou telle structure, ou quand on exerce en libéral. «Cela tombe bien que ce soit un
samedi. Je ne suis pas concerné mais j'ai des enfants qui le seront. C'est pour cela que je suis là», expliquait une orthophoniste. Une ouvrière de l'État, de l'ex-arsenal, manifestait pour la
première fois. Son départ à la retraite est prévu à la fin de l'année, or le calcul du montant se fait sur les six derniers mois. Il n'est donc pas judicieux pour elle de multiplier les absences.
Une autre manifestante effectuait cette observation technique: «J'ai vu descendre du train des gens venus pour manifester. D'autres ont pris le car, ce qui ne leur est pas possible quand il y a
grève dans les transports».
«Ce n'est pas plié»
Au vu de la mobilisation, Olivier Le Pichon, secrétaire général de l'union locale CGT, commentait: «Cela montre bien que ce n'est pas plié». Nouveau rendez-vous est
pris, au moins, pour le 12 octobre. Un commerçant, qui observait le cortège, remarquait: «Cela prouve que l'on peut venir en centre-ville». Allusion, sans doute, aux travaux du tramway. Bref,
quand on le veut, on peut. Pour être complet, les voitures qui souhaitaient accéder au centre, hier après-midi, ont dû sérieusement patienter ou avoir recours à des ruses de Sioux. On ne peut pas
contenter tout le monde en même temps...
- Vincent Durupt