*
« J'ai 52 ans et je suis au chômage depuis plus de trois ans. Je perçois le RSA (Revenu de solidarité active), j'ai donc rendez-vous régulièrement avec mon assistante sociale. Début décembre, elle m'a donné une annonce d'emploi pour un contrat de vingt-deux heures dans une maison de retraite à Beaupréau. Il était réservé à un bénéficiaire du RSA socle, ce qui était mon cas. Elle m'a bien précisé que le recrutement était déjà en cours et que c'était même un peu tard, mais j'ai saisi l'opportunité.
En deux heures, j'ai réussi à fournir CV et lettre de motivation. Ce boulot, je le voulais. Pourtant, ce n'est pas le job de rêve : porter les plateaux-repas, les enlever. Heureusement, il y a la possibilité de discuter avec les retraités. J'aime bien les petits vieux.
J'ai un BTS secrétariat de direction et à 40 ans j'ai passé mon Bafa. Lors de mon dernier emploi, j'ai été polyvalente à l'école Chambord à Cholet : au secrétariat, à la bibliothèque ou encore à la sortie des classes. Juste avant, j'ai occupé un poste de secrétaire et d'animatrice au centre social Pasteur.
J'ai donc eu un entretien d'embauche à la maison de retraite, qui s'est très bien passé. J'ai été retenue. Hélas, ça n'a pas pu se concrétiser parce qu'en janvier, je suis passée du RSA socle au RSA activité, suite à ma déclaration trimestrielle de ressources de décembre. Comme si je bossais, alors que c'est mon fils !
À 16 ans, il est en contrat de professionnalisation dans la vente depuis juillet 2012 et il gagne 600 €.
En plus de ne pas avoir décrocher l'emploi à Beaupréau, au lieu de toucher 509 €, je ne touche plus que 303 € de RSA activité. Je ne vais pas dire à mon fils d'arrêter de travailler pour avoir droit, moi, à un boulot. On ne va pas encourager nos gosses à être fainéants. Comment lui transmettre les valeurs de la société française avec ce système ? Ce n'est pas normal qu'un jeune de 16 ans subvienne aux besoins de sa mère.
Si c'était mon concubin, je comprendrais. La dame de la maison de retraite m'a demandé de voir si ça peut se résoudre. J'en ai parlé à mon assistante sociale. De surcroît, je n'ai pas droit à la Banque alimentaire et je n'ose pas aller aux Restos du coeur. J'ai honte. C'est donc mon fils qui va me nourrir. Heureusement que je l'ai et que je suis très entourée. Les gens viennent chez moi trouver du réconfort. Je leur fais des courriers, à manger, je fais tout ce que je peux. »
Hier, lors d'une rencontre avec son assistante sociale, celle-ci a invité Annie à écrire au conseil général pour expliquer sa situation. Elle lui a aussi proposé de l'accompagner à Pôle emploi. Une autre piste serait à l'étude pour début février.
Recueilli par Sylvie ARNAUD.