blog du Npa 29, Finistère
Après l'italien Enel qui s'est retiré le 4 décembre dernier du projet EPR de Flamanville (contraignant EDF à rembourser 610 millions d'euros… plus les intérêts), c'est maintenant le britannique Centrica qui se retire du projet d'EDF de construire des réacteurs EPR outre-Manche.
EDF tente de sauver les apparences en envisageant que China Guangdong Nuclear Power Company (CGNPC) prenne le relais de Centrica mais, même si c'était le cas, les Chinois imposeraient leurs réacteurs à la place de l'EPR. De toute façon, il est parfaitement improbable que les Britanniques mettent leur parc nucléaire dans les mains chinoises : EDF devra se débrouiller sans partenaire.
Or une autre information cruciale, pour le moment ignorée en France alors qu'elle fait la Une en Grande-Bretagne, vient de mettre à bas les espoirs d'EDF :
contre toute attente, le comté de Cumbrie a rejeté le projet d'enfouissement des déchets radioactifs (*) prévu dans cette région ultra-nucléarisée (comparable à la Manche en France). Or, des projets de nouveaux réacteurs ne pourront être engagés en Grande-Bretagne que s'il existe une solution pour les déchets les plus radioactifs (fut-elle criminelle comme l'enfouissement !). Ce n'est plus le cas.
Le gouvernement Cameron hésitait à offrir à EDF un prix garanti de l'électricité nucléaire sur une très longue période afin de faire payer par les ménages britanniques les déficits inévitables de la production nucléaire. Le forfait de Centrica et celui du comté de Cumbrie vont assurément clore le dossier et, à défaut d'enfouir les déchets radioactifs, enterrer les espoirs d'EDF.
En Chine, diverses sources font savoir (**) que les électriciens sont désormais prêts à exporter des réacteurs "de 3ème génération".
Même si on ne voit pas bien à qui ces réacteurs pourraient être vendus (les derniers acheteurs sont justement… les Chinois !), il est clair que EDF et Areva n'exporteront probablement plus de réacteurs en Chine. Ni ailleurs. Le bilan va donc probablement s'arrêter à un EPR bradé à la Finlande (3 milliards au lieu de 9, les français payant la différence !) et deux EPR quasiment offerts à la Chine (3,6 milliards... les deux !).
Après les Émirats arabes unis (fin 2009), les USA (août 2012), la Tchéquie (novembre 2012), la Grande-Bretagne est un nouvel échec cuisant pour les projets nucléaires français et pour l'EPR qui, il est grand temps que le reconnaître, est rejeté de partout. Les dirigeants industriels et politiques, et les éditorialistes, doivent arrêter d'entretenir le mythe absurde de "ce nucléaire que le monde entier nous envie" et reconnaître au contraire que l'atome hexagonal est en échec total et condamné.
Chacun doit aussi savoir que les investissements insensés consentis en 2008 aux USA (achat de 50% de Constellation pour 5 milliards) et en Grande-Bretagne (achat de British energy pour 15 milliards), pour construire des réacteurs nucléaires qui ne verront jamais le jour, vont tôt ou tard laisser place à des factures gigantesques à la charge… des citoyens français.
(*) http://www.guardian.co.uk/
(**) http://www.usinenouvelle.com/
http://www.observatoire-du-