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Ballotés depuis des semaines, voire des mois, de date butoir en date butoir, les salariés de Competence espéraient, vendredi, des réponses concrètes de la direction locale. Nouvelle désillusion.
Ballotés depuis des semaines, voire des mois, de dates butoirs en ultimatums, les salariés espéraient, vendredi, des réponses concrètes de la direction locale. Nouvelle désillusion.
Competence n'ayant plus les moyens de payer ses fournisseurs, l'usine de Brest est quasiment à l'arrêt. Sur le tableau du local syndical, des mots qui font frémir : « cessation de paiement », « dépôt de bilan », « procédure collective »...
Mais toujours une lueur d'espoir. Comme cette devise, un peu jaunie, inscrite en haut de la porte du local : « Luttons pour le pouvoir, l'espoir fera le reste ». L'espoir, la cégétiste Nicole Camblan s'y accroche : « Jabil ne nous a pas fermé la porte. On n'est pas en cessation de paiement, ni en dépôt de bilan. On est toujours en procédure de conciliation. » Elle veut y croire pour « sauvegarder les emplois ». À la cantine, des salariés sont beaucoup moins optimistes. « On est cuit », lâche un cariste. « On a l'impression que l'on va végéter comme ça longtemps, renchérit un autre. On vit au jour le jour, que de bouts de chandelle. »
Les employés pensaient, vendredi, en savoir davantage sur leur avenir. Espoir déçu. Une fois de plus ! « On s'attendait à quelque chose de plus tranché », reconnaissent-ils, sans formalisme, désormais rompus au jeu du « botter en touche » de l'actionnaire. Le comité d'entreprise, initié hier par le directeur de l'unité brestoise, rendait compte de la rencontre du conciliateur judiciaire avec Mercatech et Jabil. Il n'a pas donné grand-chose.
« Quatre heures pour ça ! »
Jeudi, cinq responsables de Jabil (dont deux avocats) et deux avocats de Mercatech ont en effet répondu à la convocation du conciliateur. « Quatre heures pour ça ! », ironise Serge Roudaut de Force Ouvrière. « C'est clair, net et précis, Mercatech ne veut pas rendre les 12 millions de dollars à Competence France, rapporte Stéphane Seïté de la CGT. Il estime que cet argent n'était pas prévu pour le fonds de roulement mais pour les investissements. »
Dans l'usine de Kergaradec, un temps fleuron de la filière électronique, depuis des années la situation est figée. Les salariés vivent au rythme de plans sociaux sous-traités par les anciens propriétaires : Alcatel, Jabil... Presque une culture d'entreprise ! Une pancarte venant de temps à autre signaler le changement. Depuis juillet, ce sont les dix lettres de « Competence » qui ont été apposées en vert, couleur de l'espoir, sur le fronton de l'accueil et de la grille d'entrée. Competence est née de la vente de Jabil à Mercatech, un fonds d'investissement américain.
« Actionnaire défaillant »
Réunis autour de la table du comité d'entreprise, les représentants des salariés sont las, las que Mercatech et Jabil n'aient pas réussi à s'entendre pour « trouver une solution pour Competence France » au bord du gouffre. Le conciliateur estime « l'actionnaire défaillant ». Jeudi, à Rennes, il lui a même demandé de quitter la table des discussions. La CGT parle de « désengagement » de Mercatech, FO « d'abandon ».
Jabil est resté à table. Pour combien de temps ? « On ne sait pas, répond Serge Roudaut. Jabil n'a ni refusé ni accepté de fournir une aide à Competence-France. » Jabil réserverait « une réponse et d'éventuelles propositions « assez rapidement» ». Bref, l'avenir des 214 salariés est suspendu au bon vouloir du géant américain. FO demande au conciliateur judiciaire et au président du tribunal de commerce « de statuer au plus vite sur l'avenir de l'entreprise ».