On sait que la journée du 9 octobre 2012 «en défense de l’industrie» a eu pour origine une initiative des fédérations industrielles de la CES [Confédération européenne des syndicats]. Alors que le discours sur «l’Europe sociale» dans le cadre de l’Union européenne apparaît de plus en plus comme une pure chimère, il n’est pas inutile de se pencher sur la nature et la place de cette organisation.
Aux origines
Comprendre la place de la CES nécessite de revenir aux fractures de la guerre froide.
En 1945, la Fédération syndicale mondiale (FSM) est constituée. La CGT française est alors une de ses principales organisations membres. Cette «internationale syndicale», basée à Prague, endosse l’ensemble des positions prises par Moscou – par exemple sur la question yougoslave en 1948 [rupture avec l’URSS]. Bref, la FSM est rapidement devenue l’une des branches de l’appareil stalinien international.
Face à elle, l’impérialisme US suscite, dès 1947, la constitution de la Confédération des syndicats libres (CISL) qui regroupe rapidement la majorité des syndicats de traditions social-démocrate (en France: Force ouvrière) et libérale (par exemple le syndicat américain AFL – Amercian Federation of Labor). Cette CISL adopte rapidement une orientation de type pro-capitaliste pimentée par un anticommunisme [qui n’équivaut pas à un antistalinisme] virulent.
Enfin, demeurait la Confédération internationale des syndicats chrétiens, fondée en 1920, et dont l’intitulé résume l’orientation. Il faut savoir que si en France, le «syndicalisme» d’obédience cléricale est longtemps resté faible, il existe des pays où sa puissance est significative (Belgique, Italie,…).