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Au siège de la banque, au Relecq-Kerhuon, près de Brest, la discussion entre syndicats et direction n’a pas abouti. La grève est reconduite.
« Notre seule manière de résister, c’est la mobilisation » lâche, au micro, Romain Gergaud, délégué CFDT des Côtes-d’Armor. Une harangue applaudie par plus d’un millier de grévistes du groupe Crédit Mutuel Arkéa rassemblés au siège du Relecq-Kerhuon. De source syndicale, 62 % des salariés du Finistère, 55 % du Morbihan, 70 % des Côtes-d’Armor et 45 % d’Ille et Vilaine sont entrés dans le mouvement entamé il y a une semaine.
Hier après midi, la discussion avec les partenaires sociaux, animée par Ronan Le Moal, directeur général et Marie-Antoinette Tanguy, directrice des ressources humaines, aura duré moins d’une heure. Les nouvelles propositions salariales, complétant celles faites samedi, n’ont pas convaincu les syndicats.
Elles portaient sur l’octroi d’une prime de 300 € pour l’ensemble des salariés, le versement d’un abondement exceptionnel au plan épargne entreprise de 300 €, l’augmentation de 20 % de l’enveloppe des promotions, la mise en place d’un seuil minimum de rémunération à 24 000 € bruts annuels, l’ajustement des salaires dont le niveau est en dessous de celui du marché et le passage du chèque déjeuner à une valeur faciale de 10,50 €.
« Mutualisme »
« Le point d’achoppement, c’est l’augmentation salariale de 60 points pour tout le monde explique Pierre Jubil, délégué syndical central CFDT (soit 2 217 € annuels bruts) mais les dirigeants refusent de venir sur notre terrain. » Les syndicats veulent en effet inscrire les acquis dans la durée, refusant les solutions« ponctuelles » proposées par la direction.
« On n’est plus dans le mutualisme mais dans une approche capitaliste de gestion de l’entreprise » estime l’Unsa. « Les directeurs actuels ne sont pas issus du sérail. » Jean-Pierre Denis, PDG du groupe, est le premier visé par les syndicats.
La CFDT dénonce ce qui constitue à ses yeux un « dérapage » : « Les hauts cadres ont reçu une augmentation de salaire de 30 % entre 2009 et 2010 ». Les employés craignent de ne pas avoir de visibilité sur ce que pourra ou non s’octroyer la direction.« En créant une Société des cadres dirigeants (SCD), ceux-ci se placent en dehors de l’entreprise ». Un argument que réfute Ronan Le Moal : « S’agissant d’Arkéa SCD, comme toutes les sociétés du groupe, elle est soumise à l’obligation de publication de ses données sociales, permettant une totale transparence sur son fonctionnement. »
Maintien de l’emploi
Dans ce mouvement qui commence à inquiéter le monde économique, chaque camp tente de se faire entendre des administrateurs. Lundi, la direction a organisé des réunions avec les présidents de caisse de chaque département. Tous ont réitéré leur confiance à Jean-Pierre Denis assure la direction. « Ma responsabilité, en tant que directeur général, consiste à trouver la meilleure voie possible pour répondre aux préoccupations des organisations syndicales tout en protégeant les fondamentaux du groupe et la dynamique de développement » rappelle Ronan Moal, précisant que« l’ambition, au final, est le maintien de l’emploi dans nos régions ».
De leur côté, les syndicats ont adressé aux administrateurs une motion exposant leur point de vue et demandant leur soutien.
Françoise LE BORGNE