Quand d'un côté, on entend - quelquefois - le PS s'alarmer de la disparition des services publics et que de l'autre, celui-ci décide la suppression de trois écoles maternelles, il y a de quoi
s'interroger! L'école maternelle, hier encore, l'une des principales réussites de notre système scolaire, doit-elle , elle aussi , entrer dans le cercle infernal de la rentabilité, de la
marchandisation, de la privatisation programmée de tout le système éducatif ?
Mais, nous assure-t-on, il s'agit seulement de diriger les enfants vers d'autres écoles. Autrement dit, on "délocalise" les enfants, mais qu'en est-il des enseignants ? Ces enfants déplacés vont
grossir les effectifs des autres établissements et nous savons tous qu'il est plus facile de "comprimer" les postes d'enseignants dans les grosses écoles. Et voilà notre municipalité "de gauche"
qui facilite la sombre entreprise du gouvernement dans sa chasse aux fonctionnaires. Et qui favorise sans l'avouer l'enseignement privé qui sera ravi d'accueillir les enfants qui pour une raison
ou pour une autre refuseront la "délocalisation". Une municipalité de droite ne ferait pas mieux!
Et que dire des motifs invoqués? Les écoles ne comptent pas assez d'élèves: comment prétendre défendre les conditions de travail dans les écoles quand on supprime des écoles de petites dimensions
où, justement les conditions de travail sont favorables. Les écoles sont vétustes? Mais , qui est responsable de cette situation, sinon la mairie? Et comme dans les communes rurales, enlever un
service public , c'est enlever de la vie, il en va de même dans un quartier d'une ville.
Comment ne pas relever aussi, le caractère symbolique que prend cette curieuse décision : l'une des écoles porte le nom de Madeleine Porquet, et, pour de nombreux enseignants et anciens
enseignants, ce nom évoque encore des valeurs essentielles: résistante qui a connu les camps de concentration, cette inspectrice des écoles maternelles, a consacré toute son énergie à défendre
l'école maternelle, territoire préservé pour les enfants défavorisés; adepte inconditionnelle de la pédagogie Freinet, elle a formé de nombreuses institutrices à ces méthodes qui offrent à
l'enfant un cadre éducatif valorisant, fondé sur l'entraide, la coopération.
Mais, c'était une époque où une certaine idée de l'humain existait encore; aujourd'hui , tout doit être comptabilisé, à la deuxième décimale près: les enfants concernés ne représentent "que"
1,39% des effectifs brestois! On prend des décisions comme si on consultait les cours de la bourse! "
François Le-Rouzic, militant du NPA à Brest