“Si Findus et Tesco n’ont pas une chaîne alimentaire sûre pour leurs produits, nous sommes confrontés à un gigantesque problème dans ce secteur”, a dit Alan Reilly vendredi.
Selon les autorités britanniques et irlandaises chargées de la sécurité alimentaire, il incombe aux supermarchés et aux producteurs de contrôler la viande. Vendredi prochain, les résultats d’enquêtes menées sur d’autres plats cuisinés surgelés seront annoncés. Le ministre britannique Owen Paterson a déjà déclaré qu’il s’attendait encore à de “mauvaises nouvelles”.
“Mais le vrai problème est le suivant : comment se fait-il qu’il y ait eu de la viande de cheval dans des burgers de bœuf ?” demande Elizabeth Dowler, professeur de diététique à l’Université de Warwick. Elle répond elle-même à la question : “parce qu’il faut qu’ils restent le moins cher possible”. Les burgers en question coûtent chez Tesco et Iceland 13 pence (15 centimes d’euros) l’unité, les lasagnes surgelées de Findus sont vendues généralement 1,60 livre sterling (1,35 euro) les 350 grammes. Les prix de l’alimentation ont augmenté de 26 % au Royaume-Uni ces cinq dernières années. En Irlande, la hausse est certes moins prononcée, mais la crise a fait baisser le pouvoir d’achat dans le pays.
Le prix du steak a aussi augmenté. Ce matin, au marché de la viande de Smithfield à Londres, un kilo valait au maximum 770 pence (7,70 livres sterling, soit 9 euros). En février 2007, il était à 560 pence. “Pour faire baisser le prix de la viande, on la complète, et pas toujours par de bonnes protéines”, dit le professeur Elizabeth Dowler. Et le prix de la viande de cheval est inférieur d’un cinquième à celui de la viande de bœuf. Elle doute sérieusement que l’on utilise une “viande de qualité”.
“Les gens qui sont touchés sont ceux qui ont peu d’argent et beaucoup d’enfants. Ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un burger de meilleure qualité ou d’aller chez un boucher et de faire eux-mêmes leur viande hachée, et qui réagissent aux offres du type 3 pour le prix de 2”, dit-elle. “C’est un problème de pauvreté”.
Elle pense que le consommateur a conscience de ce qu’il achète. “Il ressort de mon enquête sur les familles à faibles revenus que les gens savent que ce qui est bon marché ne vaut rien, et c’était déjà le cas avant la crise. Mais ils n’ont souvent pas le choix”. Elle doute en revanche que les consommateurs sachent vraiment comment on fabrique des produits alimentaires. “L’histoire de l’enfant qui pense que le lait sort d’un carton de lait est trop facile. Mais a-t-on vraiment idée du fonctionnement de l’industrie laitière ?”
Martin McAdam, fournisseur de viande qui représente le maillon entre les abattoirs et les fabricants de burgers, a révélé sur la chaîne de télévision irlandaise RTÉ ses méthodes de travail. La demande de viande toujours moins chère l’a contraint de rechercher de la viande en dehors de l’Irlande. Il s’est tourné vers la Pologne, la Belgique et les Pays-Bas, a-t-il raconté – alors que l’Irlande est le premier exportateur de viande de bœuf d’Europe. La différence était “de cinq à dix mille euros par camion”. Il a déclaré ignorer que la viande était d’origine chevaline.
La National Union of Farmers, le syndicat britannique des agriculteurs, accuse l’industrie de transformation de la viande et les fabricants de plats cuisinés, qui veulent obtenir de la viande meilleur marché. Depuis la crise de la vache folle et de la fièvre aphteuse au Royaume-Uni (et le scandale des dioxines en Irlande en 2008 qui a contraint à exterminer des centaines de milliers de porcs), la qualité de la viande britannique s’est améliorée, estime Peter Kendall, président du syndicat. Cela se traduit par une hausse des prix. “C’est un défi pour les commerçants. Ils ne peuvent pas continuer à casser les prix sans tailler dans le vif.”