11 septembre 2012
Le tribunal de commerce de Quimper a tranché. LDC reprendra le site de Sérent. Partagés entre résignation et colère, les 178 ouvriers du site se préparent aux licenciements et aux mutations imminents.
Après des mois d'angoisse et de rebondissements, le tribunal de commerce de Quimper a tranché, hier. Le site Doux de Sérent sera repris par le groupe agroalimentaire
LDC. Sur les 178 salariés de l'usine, seuls 60 conservent leur poste. Et des ouvriers restant, 60 sont reclassés à Lauzach et à Saint-Jean-Brévelay.
Dernier barbecue
À l'extérieur de l'usine, après l'annonce du verdict, l'ambiance a l'air détendue autour d'un barbecue improvisé... Mais ce n'est qu'une impression. «C'est peut-être
la dernière fois qu'on se voit ici, entre collègues et amis, lance un des salariés. Alors on organise un dernier repas, avec tout le monde. Personne ne sait qui sera licencié cette semaine».
Qu'ils partent ou qu'ils restent, ils s'estiment perdants. Pour Gwenaël, ce plan de reprise va dégrader l'ambiance parmi les ouvriers conservés. «Avant cette crise, dans l'usine, il y avait une
atmosphère de rigolade, se souvient-il. Le fait d'avoir des collègues pour décompresser, ça aidait beaucoup à supporter le boulot.Mais aujourd'hui, ça n'a plus rien à voir... Et ça va
empirer».
Une offre qu'ils auraient préféré refuser
Autour du barbecue, les Sérentais sont partagés entre résignation et colère. Cette offre de LDC, ils s'y attendaient. Mais ils espéraient encore une reprise par Duc,
qui promettait de supprimer moins d'emplois. «LDC conditionnait la reprise du site de Laval par celle de Sérent. Peut-être... Mais le tribunal aurait dû résister», s'indigne Catherine Lecourtois,
déléguée CFDT. Face au fait accompli, Bertrand, onze ans de boîte, essaie plutôt de philosopher. «Au moins, ceux de Laval sont tous repris... Tant mieux pour eux, ils peuvent retourner
sereinement au travail». Mais le plan de LDC est loin de l'enchanter. «Ils disent qu'en plus des 60 salariés gardés, ils vont muter 60 personnes au lieu de les licencier. Mais leur plan, c'est
juste de remplacer les intérimaires... C'est du chômage déguisé».
Colère contre Doux
Face au caractère irrévocable de la décision du tribunal, nombreux sont ceux qui ruminent les décisions de leur ancien employeur, et laissent éclater leur colère.
«C'est malheureux de laisser continuer un voleur qui a pourtant bien profité des subventions, s'énerve Éric. Et je peux vous dire qu'on n'est pas les seuls lésés, parce que les éleveurs
créanciers de Doux, ils ne reverront pas leur argent, j'en suis convaincu». Désabusé, il dit avoir déjà fait son sac. «Vous savez, j'ai 28 ans de boîte, plus d'enfant à charge... Je ne me fais
pas d'illusion». Et quand on leur demande s'ils comptent continuer à protester publiquement, les ouvriers montrent l'étendue de leur résignation. «Manifester à Rennes? S'entretenir avec le
ministre? Pff... À quoi ça sert?, se lamente Catherine Lecourtois, la déléguée CFDT. De toute façon, les jeux sont faits...».
- Batiste Kolenc