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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 11:15

 

Par Agnès Rousseaux (23 novembre 2010)


Un champ de salades, un pesticide ultra puissant, un agriculteur imprudent, des pluies un peu fortes. Il n’en fallait pas plus, ce 23 octobre dernier, pour éradiquer toute vie aquatique sur 12 kilomètres d’un cours d’eau du Finistère, près de Roscoff. Une affaire qui remet en lumière le rôle néfaste des pesticides : en France, 96% des rivières contiennent ces produits chimiques.

 



 

Cela pourrait entrer dans le livre des records : 130 tonnes de truites décimées en un petit quart d’heure, dans une pisciculture bretonne.

 

L’hécatombe a permis de détecter une nouvelle catastrophe écologique, le 23 octobre dernier. Le cours d’eau Le Guillec, dans le Finistère, près de Roscoff, a été pollué sur plus de 12 kilomètres. Tous les poissons d’eau douce sont morts, jusqu’à l’estuaire. En cause : le traitement d’une parcelle agricole, où poussent des salades, par un produit chimique, le Trimaton extra (il porte bien son nom...), à proximité de cette rivière du Haut-Léon. Que s’est-il passé ? A priori pas de surdosage dans l’utilisation du pesticide par l’agriculteur. Mais les fortes pluies qui ont suivi l’épandage du produit phytosanitaire semblent avoir aggravé la situation. L’association Eau & Rivières de Bretagne et trois communes voisines ont décidé de porter plainte pour éviter que cette affaire ne soit classée sans suite.


« Cette pollution n’est pas une fatalité. Elle est le résultat de pratiques imprudentes dans l’utilisation de produits chimiques extrêmement dangereux pour l’eau, pour les sols, et pour tous les organismes vivants », s’indigne Eau et rivières. « Au-delà de la négligence de l’agriculteur qui n’a pas pris garde à la météo, ce n’est pas possible qu’on puisse homologuer un produit, si la moindre pluie provoque ce genre de situation », ajoute Arnaud Clugery, délégué départemental de l’association. L’utilisation du pesticide demande d’inonder auparavant le terrain sur une profondeur de 10 cm, avec un système de drains qui a, dans ce cas, été installé dans le sens de la pente. « On ajoute un facteur de danger : le sol est en condition d’érosion maximum avant l’épandage du pesticide. »


Un pesticide reconnu comme cancérigène


Le collectif « Les amis du Guillec et de la baie de Sieck » a lancé une pétition : « Au delà de la pollution du Guillec, arrêtons la stérilisation des sols !!! ». Objectif : relancer le débat sur l’interdiction des pesticides. Pour le collectif, les finalités du traitement de cette parcelle agricole sont inquiétantes, puisqu’il s’agit de stériliser totalement le sol sur une épaisseur de quelques dizaines de centimètres, « afin qu’il n’y ait plus aucune mauvaise herbe, plus aucun insecte, plus aucun champignon, plus aucun ver de terre qui vienne nuire à la production ». Et cela avant semer de la mâche. Le collectif s’insurge contre ce type de méthode, de plus en plus utilisée, où l’on détruit toute vie du sol, « ce dernier ne servant plus que de substrat inerte. »


Le Trimaton extra est commercialisé par la société CEREXAGRI, vendue en 2007 par Arkema - ancienne filiale de Total - à l’entreprise indienne United Phosphorus Limited (UPL), un des plus gros producteurs indiens de produits phytosanitaires. Fongicides, insecticides, herbicides sont notamment produits sur quatre sites français [1]. Le Trimaton extra contient du dimethyl dithiocarbamate de sodium (ou Metam sodium). C’est l’un des pesticides les plus utilisés aux États-Unis (25.000 tonnes par an). Pourtant la substance active fait partie de la liste des cancérigènes « probables » recensés par l’Agence de protection de l’environnement (EPA) états-unienne.


Un produit néfaste pour l’environnement aquatique


L’État de Californie va plus loin et considère le metam sodium comme toxique d’un point de vue du développement. Le produit est également inscrit sur la liste des cancérigènes avérés, « California Prop 65 Known Carcinogens », et sur celle des « perturbateurs de la reproduction ». L’inscription sur cette liste par l’Agence de protection environnementale de Californie est « basée sur une identification formelle par les autorités publiques que la substance chimique entraîne une toxicité reproductive ».

Côté français, les choses sont moins claires : le site Agritox de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) fait état d’un « effet cancérigène suspecté » et de « preuves insuffisantes chez l’homme ». Le produit est cependant considéré comme « dangereux pour l’environnement », « très toxique pour les organismes aquatiques », et pouvant « entrainer des effets néfastes à long terme pour l’environnement aquatique »…


Des cancers au bout d’un mois d’exposition


Les études de toxicité sont inquiétantes. Sur le développement des lapins par exemple : à forte dose, la substance chimique provoque des malformations congénitales - méningocèle (malformation congénitale avec absence de fermeture de la colonne vertébrale) et anophtalmie (absence d’un ou des deux yeux à la naissance) - et une ossification incomplète. De quoi décourager toute envie de pêcher des poissons à proximité des zones d’épandage du pesticide ou de manger les productions végétales qui ont subi ce traitement.


L’agence de protection de l’environnement états-unienne précise qu’en raison de la volatilité du metam sodium dans l’air, « aucun résidu n’est attendu dans l’alimentation » ou dans l’eau. Dans les usages agricoles, le metam sodium devient un gaz volatile (le methyl isothycyanate, ou MITC) peu après son application. Ce gaz est considéré par l’EPA comme « extrêmement toxique pour les mammifères, les oiseaux, les invertébrés aquatiques et les poissons ». Un rapport du Bureau du programme des pesticides de l’EPA décrit le gaz MITC comme pouvant « migrer des champs vers des lieux où le public vit, travaille, joue ». Or une « métaplasie des tissus de l’appareil respiratoire, une lésion souvent associé au cancer, a été observée après seulement 28 jours d’exposition de rats au MITC ».


Des pesticides dans l’eau de pluie


D’après l’Institut français de l’environnement (IFEN), 96% des eaux de surface (rivières, étangs...) et 61% des eaux souterraines analysées en France contiennent des résidus de pesticides. Même les eaux de pluie sont touchées : des stations de mesure installées par l’INRA de Rennes ont révélé que presque tous les échantillons contenaient des pesticides. 60% d’entre eux dépassent même les 0,1µg/l, la Concentration maximale admissible (CMA) pour l’eau de distribution.


Ces mesures montrent une dispersion importante des pesticides dans les milieux aquatiques. Le désastre écologique du 23 octobre sur les bords du Guillec a permis de mesurer l’ampleur de la toxicité du pesticide concerné. Combien d’accidents de ce type ont lieu chaque année en France ? Et combien de pollutions invisibles mais tout aussi dangereuses sont provoquées par les pesticides ?

Agnès Rousseaux

Notes

[1] Bassens (Gironde), Le Canet (Bouches-du-Rhône), Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) et Vaas (Sarthe)

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