9 octobre 2010 - Le Télégramme
De 100 à 200 enseignants contractuels risquent de se retrouver sans emploi à la rentrée d'après Toussaint. À cette date, en effet, les 288 professeurs stagiaires des collèges et lycéens bretons enseigneront à plein-temps et non plus à mi-temps.
Rémi (*) n'est pas un cas isolé. Cet enseignant contractuel dans un lycée du Centre-Bretagne enchaîne les remplacements «depuis plus
de dix ans à l'Éducation nationale». Sans pouvoir aligner six ans de contrats consécutifs et donc éventuellement décrocher un contrat à durée indéterminé. Cette année, le rectorat a affecté Rémi
dans un lycée. «Lorsque je me suis présenté à la rentrée, je n'avais pas d'emploi du temps. Il a fallu que je m'en tricote un en prenant 9 heures des 18 heures de cours d'une collègue professeure
stagiaire. À moi de m'occuper pour les 9 h restantes: je lui ai donné des conseils, des bouquins, je l'ai rassurée, un peu dans le rôle d'un tuteur bis».
Cent, selon le rectorat
Les vacances de la Toussaint arrivent à grand pas et le prof de lettres redoute de se retrouver le bec dans l'eau. Il ne sera pas le seul contractuel dans ce cas.
Le Snes-FSU évalue leur nombre «à environ un quart des 800 enseignants non-titulaires recrutés dans l'académie», le rectorat parle plutôt «d'une centaine de professeurs contractuels». «On ne
tient pas compte de l'expérience acquise, du fait que l'on soit devant les élèves comme les autres enseignants, que l'on soit inspecté comme les autres. Là, on avait besoin de nous pour deux mois
et puis ensuite, aucun engagement», s'indigne-t-il.
Le Snes-FSU au créneau
Au Snes-FSU Bretagne, Christelle Carnet explique que son syndicat «fera de nouveau une démarche auprès du rectorat avant les vacances». «Nous demandons que les
professeurs stagiaires puissent enseigner à mi-temps toute l'année, afin de pouvoir se former correctement en dehors de leurs cours», rappelle-t-elle. «C'est d'autant plus nécessaire que de plus
en plus de stagiaires nous disent être eux-mêmes inquiets à l'idée de tenir des classes seuls, le reste de leur première année», argumente-t-elle. Peu de chances, malgré tout, que cette
revendication aboutisse.
«Ce n'est pas prévu au programme de formation des professeurs stagiaires et je n'ai pas entendu qu'il y aurait du changement» indiquait, jeudi, ClaireJoubioux, à la
communication du rectorat. D'autant que ce dernier, qui recrute beaucoup depuis cette rentrée, doit dégager des moyens pour assumer les remplacements des titulaires. Le contingent de 1.200 à
1.400 titulaires remplaçants n'y suffit plus. Une partie des contractuels potentiellement remerciés le 4 novembre pourrait ainsi retrouver un poste. Toujours précaire cependant.
* Prénom d'emprunt à la demande de l'intéressé.
- Bruno Salaün