blog du Npa 29, Finistère
Les communistes ne cessent de hausser le ton mais ne parviennent pourtant pas à se faire entendre de ceux qui sont aux commandes, que ce soit au gouvernement ou à la direction du PS. Une source d'agacement fort et de tensions supplémentaires alors que s'ouvre jeudi le 36e congrès du PCF aux Docks d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).
Le congrès réunit 800 délégués venus de toute la France, «unis comme rarement», assure Pierre Laurent. Le secrétaire national du PCF a défini son angle d'attaque: «L'heure est à la mobilisation des forces qui ont attendu un changement qui ne vient pas.»
Depuis plusieurs mois, il dénonce «la politique d'austérité» suivie par le gouvernement. Le ton est moins virulent que celui de son allié au sein du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, mais la critique est toute aussi radicale. Avec ses alliés du Front de gauche, le PCF vient d'ailleurs de lancer une campagne nationale de lutte contre l'austérité. Elle peine à ne pas passer pour une campagne d'opposition au PS. «Nous n'acceptons pas la perspective de l'échec d'une politique de gauche», assure Pierre Laurent, qui souhaite un congrès «utile par ses propositions à la réussite de la gauche». II prévient que «personne ne rassemblera toute la gauche en lui demandant de s'aligner sur les uns ou les autres».
Les tensions au sein de la gauche vont traverser le congrès, aussi bien lors de la venue de la délégation officielle socialiste, vendredi, conduite par Guillaume Bachelay, que lors de la réception des syndicats du fait des tensions entre la CFDT et la CGT. Mais les difficultés vont aussi surgir lorsque sera discutée en groupes de travail - surnommés les «ruches» - la stratégie à adopter aux municipales. Le Front de gauche se réunit en conseil national le 2 mars pour aborder cette question. Mais déjà, les communistes veulent éclaircir leur propre terrain. Le PCF, qui compte selon sa direction 134.000 membres, dont 54 % à jour de leur cotisation, conserve un bon maillage local avec 839 maires communistes ou apparentés et 8 800 élus municipaux. «La bataille que nous allons mener pour changer la politique du gouvernement est le meilleur service qu'on puisse rendre à la gauche pour les municipales», assure Laurent, conscient que l'appareil PCF n'aura pas toute la main sur les alliances locales.
Secrétaire de la fédération de l'Oise, Thierry Aury note «une mobilisation nouvelle» au sein du PCF. «Si le gouvernement préfère écouter le Medef et les idéologues libéraux, assure-t-il, ce n'est pas tant un problème pour nous que pour les Français qui ont voté en faveur du changement.» Il prévient que «si les luttes ne sont pas encore massivement visibles, le climat se tend de façon certaine». Même constat à Nice où Cécile Dumas, secrétaire fédérale des Alpes-Maritimes, voit arriver «une nouvelle tranche d'âge, des 30-40 ans salariés, porteurs d'un souffle nouveau». «On est dans la majorité à la région Paca, indique-t-elle, mais je ne sais pas encore pour combien de temps…» Non loin de là, son homologue des Bouches-du-Rhône, Pierre Dharéville, responsable du «texte de base» sur lequel débattent les délégués, juge que «la situation politique est bloquée». «Nous tirons les sonnettes d'alarme au Parlement face à un gouvernement qui tient le langage du renoncement. Il ne nous entend pas, c'est une réalité. Mais de plus en plus de monde écoute ce que racontent le Front de gauche et le PCF», croit-il savoir.