22 juin 2010 - Le Télégramme
L'intersyndicale CFDT-CGT-Sud-FO des Genêts d'Or a profité de l'assemblée générale de l'association, à Saint-Martin-des-Champs, hier
après-midi, pour organiser un rassemblement, doublé d'un débrayage collectif dans bon nombre des 27 établissements finistériens, comme à Briec, Saint-Pol-de-Léon, Morlaix ou encore
Châteaulin.
«On navigue à vue»
Autour d'un mot d'ordre clair, «Non à la dégradation des conditions de travail!», les salariés s'occupant de l'accueil et l'accompagnement de personnes souffrant de déficiences intellectuelles se
sont ouvertement inquiétés des «restrictions budgétaires croissantes constatées depuis janvier». «Elles impactent nos organisations de travail et, par conséquent, les conditions d'accueil des
usagers», note à ce propos le délégué syndical central CFDT Pascal Fily. Moins de personnel et recours, disent les manifestants, à des personnels «moins qualifiés»: «On navigue à vue depuis neuf
mois. Les arrêts maladie, déjà plus nombreux qu'ailleurs vu la pénibilité du travail, ne sont plus systématiquement remplacés. Les gens ne sont pas bien au boulot, et cela commence à se voir»,
insiste Ludovic Heliès, délégué Sud.
«Nous rentrons dans une ère nouvelle»
Le directeur général Jean-Pierre Phelippeau et le président Prigent Colin ont, pour leur part, déploré que ce débrayage les oblige à revoir l'ordre du jour de l'assemblée générale. Si le ratio de
personnel, et notamment l'appel aux CDD, s'est effectivement réduit, c'est, disent-ils, «à cause de la diminution des budgets». «J'espère que chacun comprendra que nous rentrons dans une ère
nouvelle, s'est encore exprimé le président, en début d'après-midi. En interne aussi, nous aurons des changements incontournables à apporter».
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Les salariés se sont dits « contraints d'avoir recours à ce moyen de protestation pour faire entendre leurs revendications ».
Sur fond de grogne des salariés, l'association a tenu son assemblée générale lundi. La direction, même si elle n'a pas apprécié le mouvement, ne masque pas certaines difficultés.
Débrayage partiel ou total dans les établissements, environ 150 salariés se sont invités au Roudour à Saint-Martin-des-Champs pour manifester leur mécontentement. La triple certification « qualité » que vient d'obtenir l'association plonge l'intersyndicale (CFDT-CGT-SUD-FO) « dans la perplexité ».
Il y a, pour les salariés, un « hiatus » : « Comment se prévaloir d'une forme d'excellence et d'un autre côté, produire des situations d'accompagnement social et sanitaire tous les jours un peu plus difficiles ». 40 % de budget de remplacement en moins, absences non compensées, emploi de personnel moins qualifié (des aides médico-psychologiques préférés aux moniteurs éducateurs)...
« Cette situation engendre un accroissement des troubles psychiques des personnes accompagnées et contribue à augmenter les risques psychosociaux chez les salariés qui sont mal au travail et qui arrivent rarement en bon état en bout de carrière ».
Si la direction n'a pas apprécié le mouvement, renvoyant les salariés à leurs responsabilités et aux 18 % de taux moyen d'absentéisme, elle pointe aussi du doigt les freins qui marquent l'époque. « Le département nous a fait savoir que tout était bloqué pour cinq ans au niveau des projets », souligne le président Prigent Colin. « Ce tour de vis nous cause de grandes inquiétudes ».
25 ans et toujours en IME
Au niveau des instituts médicaux éducatifs, « on risque de se voir confrontés à la même situation qu'en 2003 quand on s'est retrouvés avec 120 jeunes de plus de 20 ans en IME ». Certains usagers y restent jusqu'à l'âge de 25 ans. Une situation que Jean-Pierre Phelippeau schématise ainsi : « C'est un peu comme si on demandait à des lycéens qui ont le Bac de rester 5 ans de plus en terminale ». Si le blocage actuel se poursuit, « il va manquer 225 places en foyer de vie. Toutes les places des bâtis en cours sont déjà prises » souligne Prigent Colin.
Pas de solution pour les retraités
L'autre bout de la chaîne, c'est le sort des travailleurs handicapés qui arrivent à l'âge de la retraite. En 2015, 120 ouvriers d'Esat (aide par le travail) auront cessé leur activité. Leur « prise en charge spécialisée n'obtient pas d'écho favorable ».
Et c'est là tout le paradoxe, ces personnes occupent des places en foyer de vie, là où des jeunes ne peuvent pas entrer.
Face à cette problématique, les Genêts cherchent des complémentarités avec différents partenaires.
« Nous avons abouti à la signature d'un premier Groupement de coopération sociale et médico-sociale avec AS Domicile, An Treiz et Sével services » annonce Prigent Colin. Des pistes sont explorées : accueil dans des bâtiments de type pavillonnaire, mise en commun des possibilités de transports, des services repas etc. Il s'agit de « mutualiser les compétences » pour l'accompagnement des personnes handicapées en réduisant les coûts. De leur côté, les salariés avertissent : « Il est un niveau de moyens au-dessous duquel nous ne pouvons pas travailler ! ».