23 mars 2012 -
S'appuyant sur l'étude du Conseil Général, l'Adapei du Finistère (*) dénonce l'immobilisme des pouvoirs publics alors que «plus de 800 personnes handicapées sont en attente d'un placement dans un établissement spécialisé».
Le conseil général du Finistère présentait hier son 4e Schéma départemental pour l'accompagnement des personnes handicapées (lire dans notre édition de demain). L'attente des familles est considérable.
«Ça coince à tous les niveaux»
L'Adapei tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme pour dénoncer le manque criant de places dans les
structures spécialisées dans l'accueil des enfants et adultes handicapés. «Plus de 800 personnes sont aujourd'hui dans l'attente
d'une place», affirme Jean-François Quillien, président de l'Adapei 29. Depuis l'IME (institut
médico-éducatif), qui accueille les enfants de 3 à 18ans, jusqu'aux maisons d'accueil spécialisées, il manque des places à tous les niveaux.
«Dans les IME, 130 personnes de plus de 20 ans attendent aujourd'hui une place dans un autre
établissement. 200enfants attendent une place à l'IME. Ça coince dans tous les établissements», s'offusque Jean-François
Quillien. «Les chiffres, tout le monde les connaît. Les familles attendent des décisions. Tous ces établissements, rappelle-t-il, sont financés soit par le conseil général, soit par l'Agence
régionale de la santé. On n'a pas anticipé les besoins. Or, il faut au minimum cinq ans pour créer une nouvelle structure».
Des familles épuisées
La hausse de l'espérance de vie parmi la population handicapée, une meilleure prise en compte du handicap, des familles plus enclines à solliciter de l'aide sont
autant de raisons qui expliquent l'augmentation des demandes de placement en souffrance. «Dans le même temps, depuis dix ou quinze ans, on a fermé des IME àPont-l'Abbé et à Audierne. Les enfants
ont été placés soit à l'IME de Briec, soit en Clis, alors qu'aujourd'hui certaines sont menacées de fermeture», reproche un parent.
Une situation ubuesque et intenable pour de nombreuses familles «On a favorisé l'insertion en milieu ordinaire. Mais cela ne marche pas forcément pour tout le
monde», enchaîne une maman qui prône «un retour à des réalités plus concrètes» des situations. Pour l'Adapei, il devient «urgent
d'apporter une solution aux familles. Elles s'épuisent à garder leur enfant à la maison faute de lieux d'accueil adaptés. Certains enfants handicapés, qui ont toujours vécu chez eux, ont
aujourd'hui des parents âgés de 70 ou de 80ans. Ce sont des situations très difficiles», déplore le président de l'association. Mercredi, plusieurs familles sont venues témoigner de leurs
difficultés au siège de l'Adapei (lire le témoignage ci-dessous).
Des décisions concrètes attendues
L'excuse des restrictions budgétaires avancée par les pouvoirs publics ne convainc personne. «Leur priorité devrait être de trouver les moyens financiers pour ouvrir
des établissements. Il faut faire des choix. Ce sont les personnes les plus vulnérables qui sont les plus touchées». Le papa d'un garçon polyhandicapé relève: «On encourage le maintien à
domicile. Mais on ne peut pas tenir sur la durée. Assumer cette charge seul, 24h sur 24, sans le soutien d'un établissement qui nous aide dans nos démarches, est impossible. On a aussi besoin de
souffler». Dans l'immédiat, l'Adapei n'envisage pas de nouvelle manifestation après celle du 12octobre dernier. Mais elle attend que «des
décisions concrètes concernant la création de places soient annoncées».
(*) Adapei 29,
association départementale de parents, amis et personnes handicapées mentales, 1B, rue Joseph-Halléguen, BP1656, 29106 Quimper Cedex.
Tél.02.98.55.51.43; mail: adapei29@wanadoo.fr.
- Cathy Tymen