A la gauche du PS, le PCF et le PG tiennent aussi leur université d'été ce week-end. Retraites, surenchère sécuritaire, 2012: le communiste Patrice Bessac et Eric Coquerel, du Parti de gauche, analysent les enjeux de cette rentrée politique.
Seignosse (Landes) pour les uns, Grenoble pour les autres. Alors que les ténors socialistes se retrouvent à partir de vendredi à La Rochelle, communistes et amis de Jean-Luc Mélenchon font aussi leur rentrée ce week-end. Une université d'été et, pour le Parti de gauche, des «Remue-méninges» qui seront dominés par la réforme des retraites avant la journée d'action du 7 septembre.
Comment PCF et Parti de gauche comptent-ils répondre au tournant sécuritaire pris par l’exécutif cet été? Faut-il, à votre tour, parler de ce dossier?
Patrice Bessac, porte-parole du PCF: Lors de notre université d’été, nous débattrons notamment des nouvelles figures du populisme et de la stratégie de Nicolas Sarkozy. Je proposerai aussi, dans le mois de septembre, que l’on ouvre la réflexion sur la sécurité à travers plusieurs enjeux (police, justice, ville, toxicomanie). Mais cette tentative de diversion ne doit pas faire oublier les problèmes sociaux, nous ne lâcherons pas ce terrain.
Eric Coquerel, secrétaire national du PG: La sécurité est un droit pour tous les citoyens mais la droite tente le même coup d’esbroufe depuis des années, dès qu’elle a des difficultés politiques. Personne ne peut se laisser piéger. Mais il sera difficile, ce week-end, de ne pas parler des déclarations de Nicolas Sarkozy car au-delà de ces grosses ficelles, il a remis en cause les fondements républicains.Le dérapage est gravissime.
La réforme des retraites sera au coeur de vos débats. Que préparez-vous et comment sentez-vous le rapport de forces?
Patrice Bessac: L’été a été studieux pour les commmunistes: notre pétition a atteint les 100.000 signataires. Et dans son discours de ce week-end, Pierre Laurent sonnera la charge de rentrée sur les retraites. Nous sommes engagés dans des dizaines de débats publics avec nos partenaires associatifs, syndicaux et du Front de gauche, et nous continuerons de nous battre, à la manifestation, le 7 septembre, et à la Fête de l’Humanité, notamment.
Eric Coquerel: On peut gagner la partie si on parvient à mobiliser. Je suis assez confiant. En juin, la mobilisation s’était accrue et l’affaire Woerth, le ras-le-bol de ce gouvernement, de sa politique vont passer par la contestation populaire.
La rentrée très difficile de Nicolas Sarkozy ouvre-t-elle un boulevard à la gauche?
Patrice Bessac: Il n’y a pas de boulevard tant que les lignes d’un projet alternatif n’apparaissent pas au pays. Pour résoudre la crise sociale et écologique, on ne peut pas se contenter de «faire un peu mieux» que la droite, mais changer complètement d’orientation. A la Fête de L’Humanité, Jean-Luc Mélenchon (PG), Christian Picquet (Gauche unitaire) et Pierre Laurent vont proposer de lancer les travaux autour d’un projet partagé.
Eric Coquerel: On pourrait penser que le rejet de Nicolas Sarkozy va mécaniquement faciliter le travail de la gauche mais méfions-nous: sans projet alternatif, cette victoire est loin d’être assurée. Or, il ne nous semble pas que les erreurs passées aient été analysées par le PS. Il est utile que le Front de gauche se présente au premier tour, pour bousculer les rapports de force à gauche.
Au Front de gauche, la question d’une candidature commune en 2012 avait suscité des tensions. Où en êtes-vous?
Patrice Bessac: S’il n’y avait ni tension ni engueulade, ce serait le désert. Cette année doit être celle du projet. Ensuite, l’intendance suivra, nous trouverons bien des candidats communs à la présidentielle et aux législatives.
Eric Coquerel: Au Parti de gauche, nous proposons depuis longtemps un «paquet» sur les élections à venir (présidentielle et législatives). Les communistes en ont parlé en juin, à leur congrès, et on est en train de s’engager sur le fait de présenter des candidats ensemble: il y a donc des avancées. La question d’une candidature commune à la présidentielle devra aussi être posée, pas trop tardivement, sans doute avant les primaires PS, et conjointement au travail sur un projet partagé.