-
Les salariés de Competence portent toujours des blouses étiquetées Jabil.
Au bord de la faillite, l'usine Competence (ex-Jabil) ne compte plus que 192 salariés.Ils étaient mille il y a dix ans. Son activité : l'assemblage de centraux téléphoniques pour Alcatel.
En juillet, leur usine, ex-Jabil, ex-Alcatel, ex-Ericsson, a été cédée à un fonds d'investissement américain : Mercatech. Elle s'appelle désormais Competence. Les investissements promis ne sont pas arrivés. Une bonne partie des 70 millions d'euros laissés par Jabil (groupe américain de 85 000 salariés) ont été engloutis.
Mercatech est suspecté d'avoir détourné 11 millions d'euros prêtés par Jabil. Les comptes sont dans le rouge. Le déficit est de 6 millions d'euros. C'est l'ex-actionnaire unique Jabil qui, via une filiale autrichienne, paie les factures, sous réserve d'être remboursé.
Silence radio
Les salariés sont en grève depuis huit jours. Sylvain Gros, président de Competence France, dit ne pas avoir de nouvelles de son actionnaire unique, qui joue au fantôme. Silence radio. Mercatech est un fonds qui laisse peu de traces. Son site Internet a été rayé de la toile en février. Son siège est en Floride. Ses dirigeants, Stefano Cevolo et Cari Masi, sont mieux connus avec leur société Mercatus (bureaux à Londres et Rome).
Leur spécialité ? L'injection de fonds et l'arrangement de financements par subventions pour des petites et moyennes entreprises. D'où, peut-être, cet intérêt soudain pour le solaire potentiellement aidé, surtout en Italie. Cette année, Mercatech a racheté deux sites Jabil en Italie (1 200 salariés). En grève ces derniers jours.
En 2000, avec plus de 1 000 salariés, Alcatel était le premier employeur privé, à Brest. À l'époque, le PDG, Serge Tchuruk, rêvait d'« entreprise sans usine ». C'est presque fait ! L'essentiel de la production a été délocalisé en Chine et en Europe de l'Est.
Reste, à Brest, l'assemblage des centraux téléphoniques pour Alcatel, qui pèse encore 85 % du chiffre d'affaires. Au bord de la faillite, l'usine ne compte plus que 192 salariés, complètement déboussolés par le jeu mondial des rachats et des transferts opaques d'argent.
Sébastien PANOU