3 juillet 2010 - Le Télégramme
Ils sont 186 salariés à s'être prononcés, hier, pour la vente de Jabil à Mercatech. À 90,86%, ils ont voté «Oui». «Lecouteau sousla gorge», ont-ilscommenté.
Après le dépouillement, hier, l'heure n'était pas à la joie. Tout juste au soulagement d'être fixé sur l'avenir proche avant de partir
en congés. «Nous avons le sentiment d'avoir été menés en bateau par la direction», témoignent Jo LeManach etNicole Camblan, délégués syndicaux CGT. «Tout au long de l'année, elle nous a fait
croire que çaallait mieux. Et là, en un mois, ila fallu prendre la décision d'accepter la vente. C'était stratégique».
La peste ou le choléra
En novembre 2008, la direction s'était engagée, dans le cadre d'un accord de fin de conflit, à obtenir l'aval, par référendum, de 80% des salariés pour une cession de l'entreprise avant deux ans.
«Nous avions le choix entre la peste et le choléra. Au 13 novembre prochain, Jabil pouvait vendre librement à qui elle voulait. Aujourd'hui, nous avons conclu deux accords. Un avec la direction
de Jabil Europe, l'autre avec Mercatech, un fonds financier qui sera dans l'entreprise Compétence.
Elle n'existe pas encore et sera composée de quatre sites, deux enFrance et deux en Italie, plus uneusine en Italie». Depuis 2002, année de la cession àJabil par Alcatel, le site brestois a perdu plus de 500 salariés. «Nous attendions aussi qu'il y ait une diversification de nos activités. Cela va être le cas. Nous allons poursuivre nos activités électroniques " comme la création de centraux téléphoniques pour Alcatel, 80% de notre chiffre d'affaires " et nous allons nous tourner vers le photovoltaïque».
La mise en place d'une chaîne de production est prévue en novembre. La production devrait débuter en janvier. «Le chiffre d'affaires du solaire évoluerait de 10%
d'activité, en 2011, à 20%, en2013». Serge Roudaut, délégué Force ouvrière, a, lui, tenté de faire annuler le référendum. «J?ai reçu, hier soir, de la direction nationale du syndicat italien
CGIL, un mail qui demandait aux syndicats de Brest ?formellement de suspendre le référendum? organisé aujourd'hui, sur la vente de Jabil-France au fonds financier américain. La CGIL a justifié
cette demande, que nous approuvons, en raison de nombreux doutes quant àla solidité financière de Mercatech, doutes qui seraient partagés, àce jour, par le ministère italien del'Industrie et par
les banques italiennes». FO a également déploré que ce référendum soit organisé en pleine période de congés d'été. «Lemontage juridique et financier du projet Compétence, présenté par le modeste
fonds financier américain Mercatech, est totalement flou. Pour nous, il n'est pas crédible.
Cession au 30 août
Les salariés ont tout de même voté et la cession de Jabil à Mercatech sera effective au 30 août, après validation en CE extraordinaire, mardi. «Jabil se retire totalement mais reste garant car
caution vis-à-vis des fournisseurs pendant deux ans. «Nous sommes obligés d'y croire, ont conclu les délégués cégétistes. Mais nous resterons extrêmement vigilants par rapport àl'emploi " ilest
prévu l'embauche de 20 personnes. Dans six mois, un an, on y verra un peu mieux. Ce qui nous inquiète, c'est qu'il s'agit d'un projet essentiellement italien». Dans lequel le site brestois ne
pèse que pour 10% en terme de salariés (200 pour un total de 2.000).
- Karine Joncqueur