
Le blogueur:
En illustration sur les fables que nous servent les libéraux sur "la concurrence libre et non-faussée" qui soi-disant favoriserait le consommateur! Ce cas est édifiant : la concurrence du secteur public (et de qualité) dérange le secteur privé correspondant ? Un service public de qualité ose déranger un secteur où il y a du profit à faire? Le privé n'a qu'à lever les sourcils, et on démantèle le servive public, qui s'écrase. Et hop on supprime le problème.
Déjà Thatcher voulait régler son compte à la BBC, ce sera fait sous un gouvernement travailliste encore plus libéral !
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La BBC donne raison à Rupert Murdoch. Estimant que son succès sur le Web menaçait le pluralisme, elle va réduire le périmètre et le budget de son site. Mieux : elle s'emploiera à renvoyer les internautes vers ses concurrents. Une victoire pour les médias privés, qui dénonçaient la place du service public dans l'information en ligne.
Ces décisions ont été annoncées mardi dans le rapport stratégique de la BBC. Elles s'inscrivent dans un plan général d'économies, qui prévoit notamment la baisse du budget des chaînes de télé et la fermeture d'une radio musicale.
Pour expliquer sa nouvelle stratégie sur le Web, la BBC n'avance pourtant pas des arguments budgétaires, mais démocratiques.
Le rapport présente Internet comme un espace public que se partagent les différents médias. Et le partage actuel serait trop déséquilibré en faveur du service public.
Le site de la BBC est nettement plus populaire, plus riche en contenus et mieux référencé que ceux, au hasard, du Times et du Sun, les deux quotidiens de Rupert Murdoch.
Pour rééquilibrer le partage du Web, les dirigeants de la BBC sont donc prêts à se dévouer et à faire des sacrifices :
- Le nombre de pages et de rubriques du site sera réduit de moitié ;
- Le site se transformera en « fenêtre vers le Web » : chaque page devra proposer au moins un lien vers un autre site et, au total, le taux de clics vers des sites extérieurs devra doubler, passant de 10 à 20 millions par mois ;
- Le budget du site baissera de 25%.
Evidemment, c'est aussi une question d'argent. Pour les patrons des médias privés, le succès du site de la BBC ne s'explique pas simplement par sa qualité, mais par sa stabilité financière : le financement public, via la redevance, fausserait la concurrence.
En résumé, la BBC va donc s'employer à limiter la popularité de son site et à augmenter celle de ses concurrents privés.
C'était ce que réclamait Rupert Murdoch, propriétaire en Grande-Bretagne non seulement du Times et du Sun, mais aussi du groupe de télévision par satellite BSkyB.
Son fils, James Murdoch, patron du groupe familial News Corp pour l'Europe et l'Asie, s'en était pris à la BBC en août dernier. En invoquant, lui aussi, le bien commun :
« Dans ce paysage médiatique, le développement du journalisme financé par l'Etat est une menace pour le pluralisme et l'indépendance de l'information, qui sont si importantes pour notre démocratie. »
Les stratégies de la BBC et de Rupert Murdoch sur le Web sont pourtant radicalement différentes. Contrairement au service public, il mise sur des sites payants, réservés aux abonnés, et il veut bloquer le référencement de ses journaux sur Google.
Les revendications de Rupert Murdoch contre la BBC étaient soutenues par les conservateurs, donnés favoris aux élections. L'éventualité de leur retour au pouvoir a peut-être poussé les dirigeants du service public à prendre d'eux-mêmes les devants.