Par Charles-André Udry
«Tout le monde» – puisque en Europe beaucoup pensent encore que ce continent est le centre du monde – parle des élections du 17 juin 2012 en Grèce:
le «berceau de la démocratie», selon une histoire en partie fabuleuse. Les résultats possibles des élections n’intéressent pas seulement la «droite» et la «gauche» – entre autres le PCF (Parti communiste français) remis sur une selle de cheval branlante par le Front de Gauche sponsorisé par Jean-Luc Mélenchon, qui se retrouvent tous «amis» d’Alexis Tsipras, le leader de SYRIZA – mais aussi les institutions politiques de l’Union européenne (UE), les banquiers et leurs banques «renflouées», les spéculateurs sur le marché des devises. Et, évidemment, ceux qui vivent de prévisions incertaines, mais payantes, d’une conjoncture économique qui fait la une de la presse quotidienne: les Roubini and Co.
Autrement dit, la Grèce ne se résume plus à un ensemble d’îles où le soleil est resplendissant, l’eau bleue (sic) et l’ouzo supérieur au pastis français…
Un lieu de vacances et de tourisme. La Grèce est au «centre de la crise politique» de l’UE. Plus exactement de ce qui peut devenir: soit un exemple de résistance politique aux politiques du FMI, de l’UE et de la Banque centrale européenne (BCE), comme institutions du capital financier; soit un exemple de passage en force des politiques d’austérité destructives d’une société comme de la résurgence d’une extrême-droite accompagnant la mise en place d’un Etat fort.
Sur ce plan, on est à un carrefour d’un vaste «réseau ferroviaire» où le centre de commandement est constitué du noyau dur de l’UE: Allemagne, Autriche, Luxembourg, Pays-Bas, France, Nord de l’Italie – et de manière associée la Norvège, la Suisse, la Suède, la Finlande – qui seront les places fortes du capital. Et cela est à replacer dans le contexte de ses desseins de réorganisation spatiale de l’accumulation du capital en Europe, avec ses périphéries au sud et à l’est.