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L’artificialisation des terres a privé, l’an passé, l’agriculture française de 82 000 hectares de terres cultivables.
Étalement urbain, infrastructures de transport, zones commerciales et grands projets inutiles contribuent à la perte de l’équivalent d’un département français tous les 7 ans. Par ailleurs, des terres ingrates mais autrefois utilisées sont abandonnées. C’est la déprise agricole qui touche les endroits les plus inadaptés à l’agriculture intensive. Aujourd’hui, nous cultivons moins de surface que sous la Révolution française…
Le prix du foncier agricole est devenu prohibitif.
Les meilleures terres sont bien sûr très convoitées, mais la spéculation est attisée par les cours soutenus des céréales sur le marché mondial et par le soutien indéfectible de l’Union européenne aux plus gros exploitants par le biais des primes. Cela empêche les jeunes paysans de s’installer, pousse à la concentration et à la désertification des campagnes.
Mais la qualité des terres n’est plus au rendez-vous. Des décennies d’agriculture intensive ont épuisé la fertilité et le potentiel productif des terres arables, amenant, petit à petit, à des rendements décroissants. Pour nombre d’agriculteurs productivistes, la terre n’est qu’un support : il suffit de « nourrir » les plantes à coup d’engrais et de les « protéger » avec des pesticides (fongicides, insecticides, désherbants…).
À cette conception à courte vue s’ajoutent des méthodes de travail catastrophiques : labours profonds, remembrement et destruction des bocages, sols nus et épandages massifs de lisier en hiver, monoculture, disparition de la polyculture-élevage, culbutage des prairies en labours, spécialisation à outrance, élevage hors-sol, gigantisme, drainage, irrigation… La situation est alarmante.
Pérenniser l’agriculture et la préservation des écosystèmes
La France est le 42e pays du monde en terme de surface mais le n°1 en Europe et le n°3 dans le monde en terme d’utilisation de pesticides. Les conséquences pour notre environnement, notre santé et la qualité de nos aliments sont gravissimes.
Pour que l’agriculture soit véritablement durable, sorte de l’impasse productiviste, il convient de réformer définitivement les pratiques agronomiques les plus néfastes.
Le but est de restaurer la capacité des terres à un certain équilibre (humus, microflore et faune du sol) indispensable pour y faire prospérer harmonieusement végétaux et animaux. C’est précisément le fondement de l’agrobiologie, seul modèle qui permette à la fois de partager l’outil agricole, la richesse produite, et d’assurer la pérennité de l’activité paysanne et des écosystèmes.
Dossier réalisé par la commission nationale écologie du NPA
[1] Michael Löwy, Écosocialisme : l’alternative radicale à la catastrophe écologique capitaliste, éditions Mille et une nuits, 2011.
[2] Daniel Tanuro, L’impossible capitalisme vert, éditions La Découverte, 2010.
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 187 (21/03/13).