blog du Npa 29, Finistère
Le projet de TVA annoncé par le président lors de sa prestation télévisée du 29 janvier, présenté comme un rempart vis-à-vis des délocalisations, va pénaliser les petits revenus.
30.01.2012 | Benito Perez | Le Courrier
L’homme qui voulait protéger les riches avec un bouclier fiscal termine son mandat en assommant les pauvres à coups de taxes. Dans son dernier discours [le 29
janvier] avant sa candidature, Nicolas Sarkozy a notamment annoncé une hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour compenser une baisse des charges sociales.
Cette prétendue TVA "sociale" n’a pourtant rien de progressiste ; comme toute taxe sur la consommation, elle touchera plus durement les petits revenus que les
gros, qui peuvent y échapper en capitalisant. A contrario, les charges sociales biffées sont versées paritairement par le patronat et les employés, proportionnellement au salaire.
Selon M. Sarkozy, ce basculement permettra d’assurer les revenus de la Sécurité sociale tout en réduisant le coût du travail, rendant les entreprises françaises
plus concurrentielles. Mais le prétexte ne convainc guère : la mesure entravera d’abord la consommation des Français. Ce qui mettra en difficulté ces mêmes entreprises que l’Etat prétend
aider. Quant aux effets sur les coûts de production en France, ils seront infimes.
Il y aurait mille façons plus équitables de fiscaliser la protection sociale. Par exemple, en touchant aux seuls revenus du capital. Mais, dans ce domaine, le
président s’est contenté de mesurettes.
Avec son aplomb habituel, M. Sarkozy tente de refaire le coup de 2007, quand il se faisait passer pour le candidat des travailleurs de l’industrie. A l’époque,
toutefois, le fringant leader de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) menait le bal politique à sa guise. Avec son maigre bilan et des sondages en berne, le chef de l’Etat sortant est
désormais sur la défensive. Sa TVA comme rempart aux délocalisations apparaît avant tout comme une piètre riposte à l’avancée des thèses protectionnistes dans l’électorat
populaire.
TVA "sociale" : discours de Nicolas Sarkozy du 29 janvier 2012 et celui du 20 juin 2007
L’œil rivé sur les enquêtes d’opinion, Nicolas Sarkozy ne peut ignorer la vague de scepticisme à l’égard du libre-échange. Si la débandade de la finance
libéralisée et les crises alimentaires pouvaient paraître lointaines ou abstraites, la désindustrialisation accélérée touche directement les salariés. Qui commencent à voir d’autres pays
réagir, comme ceux d’Amérique latine et certains Etats d’Asie, qui n’hésitent plus à imposer des droits de douane ciblés à certaines importations. Ce sera, à n’en pas douter, l’un des thèmes
clés de la présidentielle – en témoigne la popularité de Jean-Luc Mélenchon, d’Arnaud Montebourg ou de Marine Le Pen.
Présenté parfois comme un interventionniste, M. Sarkozy ne perd jamais de vue ses fondamentaux. Il ne franchira jamais la ligne rouge du protectionnisme. La
mondialisation – dont la crise actuelle est une expression radicale – constitue pour lui une formidable occasion de remodeler la société française selon ses valeurs de concurrence et de
réussite individuelle. En prétendant jouer sur la variable "travail" (baisse des coûts, flexibilité) pour accompagner la mondialisation et sauver le modèle social français, Nicolas Sarkozy
vend du vent. Mais attention : il nous a habitués à le faire avec talent !
Commentaire: Le courrier suisse est bien à gauche: il collabore avec "Il Manifesto" et "Le Monde Diplomatique".