blog du Npa 29, Finistère
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Une fois n’est pas coutume, Avanti reproduit la traduction d’un article venant d’un fleuron de la presse conservatrice capitaliste.
Mais cette réflexion sur l’état du monde actuel, parue dans la rubrique « Business & Money » de la revue nord-américaine « Time » et signée par son correspondant à Pékin, Michael Schuman, vaut le détour. Car il s’agit d’une évaluation relativement honnête, mais surtout angoissée et révélatrice des craintes qui peuvent inquiéter aujourd’hui certains secteurs des classes dominantes. Et qui prouve, une fois de plus, que les spectres de Marx et du communisme continuent à hanter leur (mauvaise) conscience… (Avanti4.be)
Karl Marx semblait mort et enterré. Avec le naufrage de l’Union soviétique et le grand bond chinois vers le capitalisme, le communisme s’était évanoui vers les mondes pittoresques des films de James Bond ou de la Corée du Nord de Kim Jong Un. Le conflit de classes, que Marx considérait comme déterminant dans le cours de l’histoire, semblait se dissoudre dans une ère prospère de libre marché et de libre entreprise.
La puissance imparable de la globalisation a connecté entre eux les recoins les plus perdus de la planète en permettant de générer de juteux profits pour la finance et pour les industries délocalisées et sans frontières. Elle semblait offrir à tout le monde, des gourous technologiques de la Sillicon Valley aux paysannes chinoises, de vastes opportunités de devenir riches. Au cours des dernières décennies du XXe siècle, l’Asie a sans doute battu le record le plus notable de réduction de la pauvreté dans l’histoire de l’humanité, et tout cela grâce aux très capitalistes instruments du commerce, de l’initiative patronale et de l’investissement étranger. Le capitalisme semblait remplir ses promesses d’élever le monde entier vers de nouveaux sommets de richesse et de bien-être. Du moins, c’est ce que nous pensions…
Avec l’économie globale plongée dans une longue crise et, dans le monde entier, des travailleurs victimes du chômage, de la dette et de la stagnation de leurs revenus, la critique aigüe faite par Marx du capitalisme (ce système est intrinsèquement injuste et autodestructeur) ne peut plus être aussi facilement écartée.
Marx a théorisé que le système capitaliste appauvrissait inévitablement les masses à mesure que la richesse se concentrait dans les mains avares de quelques uns, provoquant des crises économiques et renforçant le conflit entre les riches et la classe travailleuse. Marx a écrit que « L’accumulation de richesse à un pôle signifie donc en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère, de torture à la tâche, d’esclavage, d’ignorance, de brutalité et de dégradation morale ».
Un ensemble sans cesse plus important de faits probants suggère qu’il a vu juste.
Les statistiques qui démontrent que les riches sont sans cesse plus riches tandis que la classe moyenne et les pauvres sont sans cesse plus pauvres sont malheureusement limpides. Une étude réalisée en septembre dernier par l’Economic Policy Institute (EPI) de Washington souligne que le revenu annuel moyen réel d’un homme travaillant à plein temps aux Etats-Unis en 2011 est de 48.202 dollars, autrement dit une valeur inférieure à celle de 1973.
Entre 1983 et 2010, 74% de l’augmentation de la richesse aux Etats-Unis a été accaparée par les 1% les plus riches, tandis que 60% des plus pauvres ont vu leurs richesses décliner. On ne peut donc pas s’étonner que certains se replongent dans ce qu’à écrit le philosophe allemand au XIXe siècle.
En Chine, le pays marxiste qui a tourné le dos à Marx, Yu Rongjun s’est inspiré des événements actuels pour écrire une comédie musicale basée sur « Le Capital » de Karl Marx. « On se rend compte que la réalité correspond parfaitement avec ce qu’il a écrit dans son livre » affirme ainsi le dramaturge.