22 novembre 2010 - Le Télégramme
Le gallo, la langue romane de Bretagne, est souvent associé à l'image du comique rural. D'autres usages, notamment écrits, sont néanmoins envisagés. Mais des difficultés persistent.
«Le gallo, c'est rigolo!», entend-on régulièrement. Si, en public, la langue romane parlée en Haute-Bretagne est souvent utilisée dans le cadre de sketches comiques, ce n'est cependant pas sa fonction exclusive. «Actualité, politique ou international. On devrait pouvoir parler de tout, en gallo!», estime BèrtranÔbrée, directeur de Chubri, l'institut d'inventaire et de valorisation du gallo, situé à Rennes. Même aspiration pour André Le Coq, enseignant de Lettres classiques à Loudéac et traducteur gallophone qui tient une rubrique en gallo, dans un journal hebdomadaire local. On peut également écouter du gallo sur les ondes, notamment lors des émissions animées par Matao Rollo, sur Plum'FM, radio associative basée à Sérent (56). Par ailleurs, l'emploi du gallo émerge pour la signalétique d'entrées de communes ou d'équipements publics, les menus de restaurants, les noms d'entreprises... À noter, dans certaines communes de Haute-Bretagne, il arrive que les conseils municipaux se fassent partiellement en gallo, souvent à l'insu des locuteurs eux-mêmes!
La Région n'utilise pas le gallo
Côté communication institutionnelle, le gallo est quasiment absent. À titre d'illustration, le site web du conseil régional est traduit en huit langues, dont le
breton, mais la version gallèse n'existe pas. «La Région n'utilise pas le gallo dans sa communication, car il n'y a pour l'instant que très peu de locuteurs qui soient capables de le lire, et la
demande sociale de son utilisation dans la vie publique est très réduite, explique Léna Louarn. Quand sera formé un nombre suffisant de personnes capables de lire le gallo, il y aura moyen de
l'employer dans la communication. (...) Le breton et le gallo ne doivent pas être mis en concurrence. Ils ont chacun leur histoire et ils doivent tous deux faire face à un environnement
francophone omniprésent».
les langues d'oïl
Une langue pas unifiée
L'une des difficultés de cette langue est de prendre en compte ses variantes dialectales. «Le travail de collecte permet de restituer une langue locale, non
unifiée, indique Bèrtran Ôbrée. Mais des besoins nouveaux apparaissent. Quand la Région demande la traduction en gallo d'un document, le texte doit être compris par tous les gallophones. On
choisit donc le vocabulaire le plus courant, sans exclure des mots plus rares». Se pose également la question des différentes prononciations d'un même mot et les conséquences sur son écriture.
«En ce qui concerne la graphie commune, il s'agit d'une responsabilité qui incombe aux enseignants, écrivains et militants du gallo mais aussi aux locuteurs. Il est évident qu'une concertation
aboutissant à une seule graphie renforcerait la lisibilité du gallo auprès du grand public, des collectivités et des entreprises», commente Léna Louarn, vice-présidente du conseil régional en
charge de la politique linguistique.
Pratique www.chubri.org www.bertaeyn-galeizz.com www.bretagne.fr
- Corentin Le Doujet