25 mars 2012 à 13h49 -
Mobilisation nationale, samedi 31 mars : les défenseurs des langues régionales manifesteront ce jour-là, notamment çà Quimper, contre la "frilosité" de l'Etat à l'encontre de ces patrimoines menacés. Avec un objectif précis : profiter de la campagne présidentielle pour réclamer une nouvelle fois la ratification de la Charte pour la sauvegarde des langues régionales.
Un collectif d'associations de défense des langues régionales et autochtones de France appelle à une journée de mobilisation nationale le samedi 31 mars dans une dizaine de villes (Quimper, Toulouse, Strasbourg, Bayonne, Ajaccio, Lille, Saint-Quentin, Poitiers, Annecy) pour la défense de 75 langues minoritaires.
En Bretagne
où 206.000 personnes, soit 5% de la population parlent le breton, "les municipalités sont déjà très engagées au quotidien", et "la charte n'est qu'un totem" souligne le député socialiste du Finistère Jean-Jacques Urvoas. Mais "ne pas la ratifier est un signe de la frilosité parisienne", ajoute-t-il, en dénonçant "le jacobinisme de l'Etat".
Projet d'une loi cadre
Le député breton et son collègue socialiste d'Alsace Armand Jung
proposent une future loi cadre, "qui laisserait aux régions un pouvoir normatif" sur l'utilisation des langues régionales. Mais il n'est pas question de "forcer les Picards à pratiquer leur
langue", explique l'élu breton.
"Nous ne sommes ni ennemis de la République ni des adeptes du folklore", renchérit Armand Jung, originaire d'Alsace, où l'on compte 600.000 locuteurs en alsacien pour 1,8 million d'habitants. Mais "notre pays a une langue officielle qui ne laisse aucune place aux langues locales", même si "la dernière révision (de la Constitution en 2008) nous avait donné un petit espoir".
La question de l'enseignement
A droite aussi, de nombreux élus de la majorité, fiers de représenter leurs cultures régionales, se sont déclarés en faveur de la ratification
comme le vice-président UMP du conseil régional d'Alsace Justin Vogel qui en attend "des moyens financiers pour relancer et soutenir" les langues régionales notamment dans l'enseignement.
La promotion et l'enseignement des langues régionales continue "de dépendre souvent de l'arbitraire des autorités publiques", déplore en effet le président du Conseil scientifique de l'Institut du droit local alsacien-mosellan Jean-Marie Woehrling.
Sarkozy : un pas en avant, mais pas de ratification de la charte
La France a signé en 1999 la
Charte du Conseil de l'Europe (1992), mais ne l'a jamais ratifiée. La réforme constitutionnelle adoptée en juillet 2008, à l'instigation de Nicolas Sarkozy, a fait entrer dans l'article 75 de la
Constitution l'appartenance des langues régionales "au patrimoine de la France", jugée comme une étape significative vers la ratification de la charte par les
défenseurs des langues régionales. Mais le président de la République a douché les espoirs de ceux qui espéraient ensuite une ratification. "Quand on aime la France, on ne propose pas de ratifier
la charte des langues régionales et minoritaires" a déclaré, en février à Marseille, Nicolas Sarkozy en réponse à son rival François Hollande favorable à la ratification.
Les adversaires de la charte craignent qu'elle aboutisse à créer des droits à s'exprimer dans une langue régionale, notamment dans la sphère publique.
Journée du Créole en octobre
Dans les départements français des Caraïbes (Martinique, Guadeloupe et Guyane) où le Créole est parlé par une large majorité de la population et côtoie le Français même à l'école, aucune manifestation n'est prévue. En revanche, les aires créolophones du monde célèbrent leur langue le 28 octobre à l'occasion d'une journée internationale du Créole.