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25 janvier 2013
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Environ 150 salariés d'Alcatel-Lucent ont manifesté hier matin, devant la sous-préfecture. Réclamant sans détour l'intervention de l'État et fustigeant «l'inertie» du gouvernement, les syndicats ont promis de durcir le ton. Notamment lundi, pour la venue du boss.
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«Notre cri n'a pas été entendu»
«Il semblerait que notre cri de citoyen n'ait pas été entendu, puisqu'à ce jour le gouvernement n'annonce aucune solution alternative qui permettrait de sauver
notre travail» tonne au micro Bruno Laouénan, de la CGT. Galvanisant les maigres troupes (environ 150 personnes sur les 861salariés trégorrois), le déléguéCGT se fait le porte-voix d'une colère
grandissante, d'un sentiment d'abandon, explique-t-il, alors que 140 emplois sont localement sur la sellette. L'État lâcherait-il Alcatel-Lucent comme le déplorait déjà mercredi la CGC, dans un
communiqué? «Le gouvernement oserait-il oublier ses promesses électorales et son étiquette qu'il prétend sociale?», renchérit Bruno Laouénan.
«Arrêter les discours hypocrites»
Pour les syndicats, la réponse est manifestement dans la question. «Il est temps d'arrêter les discours hypocrites» embraye le leader cégétiste qui digère mal
l'absence d'engagement financier de la part de la ministre Fleur Pellerin, rencontrée le 17 janvier à Paris. «Que fait-il (le gouvernement) pour lutter contre les excès de la finance? Comment
ose-t-il affirmer que les télécommunications - et donc Alcatel-Lucent France - sont des enjeux stratégiques pour notre pays?» Dans l'assemblée, des visages acquiescent, d'un hochement de
tête.
«Le site de Lannion setrouve encore plus fragilisé par la création d'un pôle unique Alcatel-Lucent France à Villarceaux»,développe Bruno Laouénan. «Déjà satellite
de moindre importance depuis plusieurs années, sa visibilité et, de fait, son importance dans la stratégie d'ALF tend dangereusement vers le point de non-retour: sa disparition totale». Un
discours bien plus tranché que ces dernières semaines. Et qui n'apparaît pas outrancier pour Paul Le Bihan, présent parmi les manifestants. Premier adjoint au maire de Lannion, l'ingénieur
connaît bien la maison: il y est développeur «depuis 82». Problème: pour cet «énième plan social», l'avenir est plus que jamais en balance. «On n'a aucune perspective à moyen terme», résume
l'élu qui trouve la situation «très inquiétante».
Le Trégor à nouveau debout?
Une inquiétude qui, pour les syndicats, mérite d'être prise en compte à l'échelle du territoire, «car un emploi détruit chez nous, c'est trois emplois de perdu en
Trégor» assène Bruno Laouénan, pour qui le plan de revitalisation, «c'est du pipeau». Appels lancés à tous les élus du secteur? «Il va falloir se faire entendre» résume, en tout cas, le
représentant de la CGT qui avant d'être reçu, en délégation, par le sous-préfet, annonce un changement de braquet. Première salve d'une nouvelle étape dans le plan de lutte médiatique: le
comité d'accueil qui attend le patron d'ALF à son arrivée, lundi prochain, à l'aéroport (la visite du 17 janvier avait été reportée à cause de la neige). Àsuivre, une grande manifestation, le
16février. Le début d'une nouvelle épopée, façon «Trégor debout»? Comme dirait la sono qui reprend HK et les Saltimbanks à fond la gomme: «On ne lâche rien!».
- Arnaud Morvan