Le fisc n'a pas fini de faire des chèques à Liliane Bettencourt. Avec le bouclier fiscal, mesure phare de Nicolas Sarkozy, Bercy avait fait en 2010 un chèque de 34 millions d'euros à l'héritière de L'Oréal.
La mesure, limitant à 50% le pourcentage global d'imposition d'un particulier et devenue symbole d'injustice, a d'ailleurs coûté 735 millions d'euros à l'Etat l'année dernière, a-t-on appris mardi 26 juin.
Mais malgré sa suppression, le ministère des Finances devra tout de même signer un chèque à Liliane Bettencourt. Et comme l'a rappelé le "Canard enchainé" en mars dernier, ce chèque sera d'un montant supérieur sous la présidence de François Hollande!
Le nouveau président aurait-il décidé de trahir ses promesses de campagne ? Absolument pas. Au contraire, il prévoit une forte augmentation de la fiscalité pour les plus riches : une tranche d'imposition à 75% pour les revenus au-delà d'un million d'euros. C'est paradoxalement pour cela que le chèque sera plus important.
L'impôt, selon la Constitution, ne peut être confiscatoire. C'est pourquoi il a fallu introduire un nouveau bouclier fiscal, fixé cette fois à 85%.
Liliane Bettencourt devrait percevoir 150 millions grâce à ses participations dans L'Oréal. Elle devrait payer près de 112 millions d'euros d'impôts sur le revenu. Ainsi que 20,5 millions de CSG-CRDS et 42,5 millions d'ISF. Sans nouveau bouclier, la milliardaire devrait donc payer au total 175 millions d'impôts, soit 120% de ses revenus !
Grâce au nouveau plafond, elle ne paiera que 85% de 150 millions d'euros, soit 127,5 millions d'euros. Un montant qui augmente de fait le montant que l'Etat va lui rembourser : Bercy va devoir reverser la différence entre 175 (120% d'impôts) et 127,5 (85% d'impôts). Soit plus de 47 millions d'euros.
Avec Sarkozy, elle aurait dû payer moins d'impôts : près de 125 millions d'euros. Et donc, le chèque de remboursement n'aurait été que de 50 millions.