17 juin 2010 - Le Télégramme
Les employés de Leader Price ont fait grève hier matin devant le supermarché, pour protester et alerter les clients contre le projet de licenciement de deux d'entre eux.
Ambiance inédite, hier matin rond-point de Kerharo, pour les clients du Leader Price. Banderoles, drapeaux et tracts n'étaient pas là
pour annoncer des promos mais pour dénoncer le licenciement, jugé abusif, de deux des neuf employés du magasin (qui compte, en plus, un directeur et deux adjoints, également salariés).
Licenciements et... félicitations
Ces neufs employés ont observé une demi-journée de grève, soutenus par les délégués locaux de la CFDT, Henri Kérisit et René Joncour. Ces derniers ayant été appelés à la rescousse en tant que
«conseillers de salariés», comme le prévoit la loi lorsqu'aucune représentation syndicale n'existe dans l'entreprise. Ce qui est le cas chez Leader Price Douarnenez. Le 7 mai dernier, la
direction Ouest de Leader Price écrit à deux employées du magasin de Douarnenez pour les convoquer à un entretien préalable à un licenciement, pour motif économique, explique Henri Kérisit. Ce
même jour, le même interlocuteur adresse une télécopie au responsable du magasin qui dit ceci: «Toutes mes félicitations à vous et à vos équipes pour votre implication dans la réalisation du
chiffre d'affaires de la semaine dernière».
Réduction d'effectif dans tout l'Ouest
«On peut légitimement douter de la réalité du motif économique invoqué», s'interroge le syndicaliste, documents en mains. Son collègue Henri Kérisit pointe, quant à lui, l'ombre d'un plan social
à l'échelle du groupe Ouest. Effectivement, quatorze licenciements sont annoncés à travers les magasins de Saint-Nazaire, Nantes, Trignac, Rezé et Vannes, la direction Ouest expliquant cette
réduction d'effectif par une chute du chiffre d'affaires de 18% en 2009 (Le Télégramme du 19mai). «Nous avons réclamé les chiffres du magasin de Douarnenez au directeur régional et lui avons
également signalé qu'il avait failli à son obligation conventionnelle de reclassement, poursuit RenéJoncour. C'est du mépris pour ses salariés, accuse-t-il. D'autant qu'il va imposer un surcroît
de travail à ceux qui restent, vu qu'une caissière, partie il y a peu, n'a pas été remplacée».
Restructuration économique
Le directeur régional en question, Franck Makowski, était à Douarnenez hier matin, aux côtés du directeur du magasin. Tandis qu'il faisait de la mise en rayon, il nous a indiqué que «dans un
contexte économique difficile, on doit se restructurer. Cette restructuration du magasin impacte deux personnes mais permettra d'assurer la pérennité du site». Ces deux personnes, deux mères de
famille âgées de 26 et 43 ans, sont les dernières arrivées dans le magasin. La CFDT leur a assuré qu'elle allait «continuer à suivre le dossier sur le plan juridique». Philippe Paul, le
sénateur-maire, et Erwan Le Floch, le conseiller général du canton, sont également venus s'enquérir de ce qui se passait hier matin. «J'ai rencontré le directeur et lui ai suggéré de surseoir aux
licenciements jusqu'en septembre, question de ne pas licencier des gens avant l'été», a indiqué Philippe Paul.