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14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 08:43
Publication: 12/03/2013 05:00
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MUTUELLES - Il est beaucoup question actuellement du financement des soins au parcours, mais ne serait-il pas plus utile de s'intéresser au parcours du financement? Est-on sûr que les sommes considérables dépensées par les systèmes de santé sont bien utilisées et sont destinées en priorité aux malades?

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Le magazine Time a publié fin février 2013 une vaste enquête menée aux États-Unis sur ce sujet. Ce long article, dont la lecture est déconseillée aux âmes sensibles, est annoncé ainsi en couverture de l'hebdomadaire: "Pilule amère, pourquoi les factures médicales sont en train de nous tuer?". Dans l'éditorial, il est rappelé qu'en valeur absolue, les dépenses de santé des États-Unis, près de 20 % du produit intérieur brut, égalent à elles seules les dépenses de santé des dix pays qui les suivent dans la liste des pays dépensant le plus pour la santé (Japon, Allemagne, France, Chine, Royaume-Uni, Italie, Canada, Brésil, Espagne et Australie), alors que les performances globales du système de santé américain sont inférieures à celles des autres pays développés.


Plusieurs institutions américaines, dont l'Académie nationale des sciences, viennent de publier un rapportaccablant sur le système de santé américain intitulé La santé aux États-Unis dans une perspective internationale: espérance de vie diminuée, moins bonne santé. Le journaliste du Time Magazine demande:

  • "Pour quelles raisons, bonnes ou mauvaises, être atteint d'un cancer signifie payer son traitement en comprimés un demi-million ou même un million de dollars?"
  • "Comment se fait-il qu'un séjour aux urgences pour une douleur thoracique qui se révèle être une indigestion se solde par une facture qui excède le coût d'un semestre de collège?"
  • "Comment expliquer qu'une seule dose de médicament, si merveilleux soit-il, coûte plusieurs milliers de dollars?"
  • "Pourquoi les examens complémentaires effectués au cours d'un passage de quelques jours à l'hôpital excèdent le prix d'une voiture?"
  • "L'économie de la santé est-elle si particulière pour que les avancées technologiques fassent grimper les prix plutôt que de les réduire?"

Les salaires des administrateurs et managers des hôpitaux à but non lucratif, établissements qui ne paient pas d'impôt sur les sociétés, sont astronomiques.

 

Les quatorze administrateurs du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York sont payés plus de 500.000 dollars annuels et six d'entre eux plus d'un million. Dans les villes moyennes, les hôpitaux sans but lucratif sont les entreprises qui dégagent les profits les plus élevés. Un établissement de ce type situé dans le Connecticut facture les hémogrammes dix fois le prix coûtant. Ailleurs, on fait payer aux patients les blouses des chirurgiens plus de trois fois leur prix d'achat, ou les tubulures des perfusions, alors que normalement ces fournitures font partie du forfait. Il arrive que la même prestation soit facturée trois fois. L'activisme médical est débridé, avec une multiplication d'examens complémentaires redondants, inutiles ou de grade supérieur à ce qui serait nécessaire.

 

Chaque hôpital a des tarifs très élevés établis sur des bases arbitraires.

 

Des rabais sont négociés avec les compagnies d'assurances. Medicare et Medicaid, qui sont financés par des fonds publics, ne paient que ce qu'ils considèrent comme le prix coûtant (soit souvent 5 à 10 fois moins que le tarif de base des établissements). Les citoyens sans couverture publique ou privée, ou avec une couverture privée insuffisante car plafonnée, paient le plein tarif (s'ils le peuvent: aux États-Unis, 60 % des faillites personnelles sont liées aux frais médicaux). Certains avocats spécialisés proposent leurs services pour faire diminuer la note.


Les dépenses en actions de lobbying du secteur de la santé sont trois fois supérieures à celles du complexe militaro-industriel.

 

Toutes les lois qui pourraient contribuer à réguler ce système sont âprement combattues. Cela explique pourquoi la réforme Obama ne va pas vraiment corriger ces excès: "Pour faire simple, avec l'Obamacare nous avons changé les règles de qui paie quoi, mais nous n'avons pas fait grand chose pour changer les prix."


En France, même si l'organisation du système de santé est (pour l'instant) fort différente de celle des États-Unis, les abus et gaspillages vont bon train. Il faudrait chiffrer les ressources consommées par les nombreuses agences publiques, les cabinets conseils et les agences de communication sollicités par ces mêmes agences et les établissements hospitaliers, les nombreuses et redondantes strates administratives qui diluent les responsabilités et freinent les décisions, les soins non pertinents, les traitements inefficaces pourtant remboursés par la collectivité, la production infinie de documents, rapports, plans, projets, contrats, protocoles, lettres d'informations, recommandations, bilans et études, souvent déconnectés de la réalité et encore plus souvent sans lendemain, les salaires, avantages et frais des dirigeants des agences, hôpitaux, cliniques, mutuelles et assurances?...


A propos des mutuelles et assurances, dont les cotisations et les primes augmentent de façon soutenue et ininterrompue, il faut lire la tribune du professeur André Grimaldi dans le Huffington Post et la lettre ouverte au mouvement mutualiste ("Solidarité ou business?") qu'il a cosignée avec Frédéric Pierru sur Mediapart. Les excès dénoncés aux États-Unis nous guettent si on laisse se développer le secteur des mutuelles et des assurances au lieu de renforcer la sécurité sociale.


L'Institut Montaigne, groupe de réflexion fondé par le président d'honneur du groupe Axa, a diffusé en 2011 un document sur ses propositions en matière de politique de santé. Il souhaite "promouvoir les établissements privés à but non lucratif et permettre de nouvelles formes d'organisation des établissements de santé". Il n'hésite pas à proposer "de permettre aux établissements publics d'être gérés comme le privé à but non lucratif". Il souhaite "mettre en concurrence les différentes entités chargées de gérer le risque maladie: caisses primaires d'assurance maladie, mutuelles, compagnies d'assurance, instituts de prévoyance, et certainement d'autres entités qui verront le jour. Ces institutions géreront la globalité du risque et susciteront la mise en place, à partir des professionnels de santé et des services hospitaliers référencés (publics ou privés), de véritables réseaux de santé... ", bref, tout ce qui rend archi-coûteux, inefficient et profondément inégalitaire le système de santé américain, mais florissantes les compagnies d'assurances. On relève que le privé à but non lucratif -dont les pratiques sont dénoncées par Steven Brill- est l'avenir radieux promis à l'hôpital public par l'Institut Montaigne!


Il faut plus que jamais défendre la sécurité sociale contre le danger que représenterait pour nos porte-monnaie et la santé publique l'avènement des mutuelles et assurances comme acteurs prépondérants du secteur de la santé, sans parler des menaces qu'elles feraient peser sur l'indépendance professionnelle des médecins et l'éthique des soins.


LIRE AUSSI:

http://www.huffingtonpost.fr/bernard-granger/assurances-mutuelles-sante_b_2852838.html

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