blog du Npa 29, Finistère
3 mai 2010 Le Télégramme
En septembre dernier, la fondation Abbé Pierre ouvrait son agence bretonne, à Rennes. Huit mois plus tard, Erwan Bretel, le responsable de la structure, dresse, «inquiet», le tableau du mal-logement dans la région.
Qu'est-ce que vous entendez par personne mal-logée?
Ce sont les gens qui sont à la rue. Mais aussi des personnes qui occupent des logements qui n'en sont pas. Soit parce qu'ils ne font pas 9 m², soit parce qu'il n'y a pas d'eau et/ou
d'électricité. Le loyer de ces logements indignes (ou taudis) atteint souvent 350 € ou 400 €. Enfin, la nouvelle forme de mal-logement, c'est la précarité énergétique: lorsque votre facture
dépasse 10% de vos revenus.
Combien de mal-logés la Bretagne compte-elle?
Je ne veux pas avancer de chiffres car de nombreuses données très différentes circulent. Je peux simplement indiquer qu'il y a environ 25.000 logements indignes dans la région ou que le 115
reçoit 2.400appels par an dans les Côtes-d'Armor. Mais pour avoir des statistiques fiables, il faut créer un observatoire du mal-logement qui regrouperait le conseil régional, les départements,
l'Insee, la Drass, les agences d'urbanisme...
Quelles sont les particularités bretonnes en matière de logement?
La Bretagne est un territoire qui manque de logements sociaux.Pour cent résidences principales dans la région, il n'y a que 10,8 logements sociaux. En France, on est entre 16% et 17%. Mais,
l'autre particularité de la région, c'est que les collectivités territoriales sont extrêmement volontaristes. Rennes Métropole par exemple, c'est 50 M€ par an d'aides à la pierre, alors que le
budget de l'État sur ce point précis, c'est 500 M€.
Le retard de la Bretagne pourrait-il donc être comblé?
Le problème, c'est que ces collectivités volontaires sont très dépendantes des crédits d'État. Avec la réforme générale des politiques de l'État (RGPP), les conseils généraux, par exemple, ont
moins d'argent. Et le risque, c'est que les collectivités s'engagent moins sur le financement de logements sociaux. Seulement, dans le même temps, les besoins augmentent en raison de la précarité
grandissante.
En France, les courbes des expulsions, du nombre de logements indignes et des recours Dalo (Droit au logement opposable) sont en hausse. Mais celle de la construction de logements accessibles, en baisse. L'avenir peut être brutal. Notre rôle, c'est d'alerter les gens, d'être les porte-parole des sans-parole et, aujourd'hui, la question du logement, c'est une bombe à retardement.