Antoine (Montpellier) dimanche 13 janvier 2013 - 17h23
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Faut-il invoquer la France devant une intervention militaire en Françafrique ?
C’est la question qui vient à l’esprit quand nous lisons les prises de position de Hollande, Villepin et Mélenchon. Le premier, dans la pleine logique de soumission du social-libéralisme au système, fonce sur les mêmes autoroutes militaristes que sonprédécesseur à l’Elyséeet reçoit l’appui de la droite ! Pour la forme, une nouvelle fois, dans un cas d’intervention militaire à l’étranger, le Parlement sera invité à déployer les effets de tribune accréditant que la démocratie ça fonctionne en France, mais après que l’armée adéclenché l’offensive !
Le second adopte, dans la lignée de sa célèbre prise de position à l’ONU du temps de la guerre d’Irak, la pose du démocrate qui n’a pas un cheveu sur la langue et énonce au fouet de quoi bousculer, mais juste ce qu’il faut, le consensus droite-gauche sur les grandes questions d’Etat, comme disent les démocrates-technocrates qui conseillent les politiques... En faisant référence à la nécessaire reconstruction de l’Etat malien, il confirme bien qu’il est un homme de droite mais il a recours à des formules telles que "Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? Non, la guerre ce n’est pas la France. Il est temps d’en finir avec une décennie de guerres perdues." et une envolée sur "les aspirations des peuples".
Cette rhétorique antibelliciste ne clignote médiatiquement que parce qu’à gauche tout le monde la joue profil bas, en bémol : au Parti Communiste tout n’est qu’"inquiétude", crainte des "risques de guerre et d’enlisement", "angoisse", " périls dramatiques et limites de ces opérations militaires" et une référence à la nécessité d’un parapluie de l’ONU qui veut oublier que cette institution internationale est, avec l’OTAN, un des vecteurs des interventions impérialistes contre les peuples derrière le rideau de fumée du respect du droit international et de l’opposition à des dictateurs soutenus jusque là.
Mélenchon, quant à lui, n’hésite pas à invoquer des "intérêts de la France", certes pour dire qu’ils ne sont pas en jeu et que donc il était "discutable" (sic) d’intervenir comme il a été procédé. On retiendra pourtant que la défense des intérêts de la France, cette belle entité homogène transcendant une lutte des classes, dont, à ses moments médiatiques perdus, notre homme se dit un fervent partisan, est un des critères de son positionnement sur la scène internationale ! Ce qui expose notre promoteur intransigeant de l’alternative de gauche a être pris de court, sur sa droite, par le bien plus cinglant slogan villepinesque "Non, la guerre ce n’est pas la France" !
Cette désertion du terrain de l’internationalisme et du refus offensif qu’il induit des militarismes d’Etat défenseurs de l’ordre mondial capitaliste, favorise les brouillages politiciens d’un Villepin, donnent de la marge guerrière à Hollande, cultivent l’idéologie bourgeoise de la France grande nation porteuse d’universalité - par là appelée à apporter ses "valeurs" révolutionnaires (!) aux peuples du monde - et contribue à fractionner encore plus le monde du travail sur les questions clé du nationalisme, du chauvinisme, des droits des étrangers et des peuples.
En faisant oublier, last but not least, que les intérêts fondamentaux de la France, c’est-à-dire ceux du capital français (en concurrence ou en lien avec les
multinationales internationales), sont bien impliqués dans l’intervention de "notre" armée au Mali. Et que c’est une raison de poids supplémentaire de faire plus que trouver "discutable" une
action de guerre comme celle qui est lancée en ce moment .