6 mars 2013
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Entre 850 et un millier de salariés ont battu le bitume, hier matin, à l'appel de quatre syndicats, pour marquer leur vive opposition à l'accord dit de « sécurisation de l'emploi ». Une mobilisation qui a agréablement surpris les organisateurs.
Pas évident de mobiliser en pleine période de vacances scolaires. Plusieurs responsables syndicaux craignaient d'ailleurs que leur appel à manifester ne soit qu'un coup d'épée dans l'eau. Mais, sur le coup de 11 h, leurs craintes étaient dissipées. Météo clémente aidant, plus de 800 personnes étaient déjà regroupées au pied de l'hôtel de ville.
CGT, Force ouvrière, FSU et Solidaires ont unis leurs forces pour dire, à l'image du Front de gauche, que « depuis six mois, les grands axes de la politique du gouvernement ne répondent plus à nos attentes ». Dans le collimateur cette fois, l'accord signé le 11 janvier dernier par le Medef, le CFDT, le CGC et la CFTC sur les négociations nationales dites de « sécurisation de l'emploi ».
« Cet accord est d'une extrême gravité pour les salariés », estime Olivier Pichon, pour la CGT.
« Les partisans de cet accord veulent nous faire croire qu'il ouvre de nouveaux droits aux salariés. En réalité, il répond aux exigences du patronat qui, d'ailleurs,
agit déjà comme si cet accord avait valeur de loi. Un employeur pourra "en cas de nécessité de sauvegarder la compétitivité de l'entreprise", procéder à des dégraissements d'effectifs ou des
salaires à moindres frais. Avec ce texte de ce type, le patron de la Sobrena aurait pu licencier l'ensemble des salariés. Et imaginons une loi de ce type entre les mains de Doux ou de Jabil...
».
Craintes dans la fonction publique
Même discours offensif chez Bruno Choine, de FO, qui règle quelques comptes avec l'un des signataires de l'accord : « Des organisations syndicales s'associent à la
destruction des droits essentiels des salariés, en violant les règles de base du contrat de travail. Et la CFDT a déjà fait savoir qu'elle voulait transposer cet accord dans la fonction publique
».
Une crainte déjà vive au vu des nombreux manifestants issus de l'arsenal ou de l'hôpital, remarqués dans le cortège. « Cet accord, c'est la disparition des socles de garanties collectives, comme si le salarié était à égalité avec son patron », dénonce Olivier Cuzon, pour Solidaires.
« Avec 5 millions de chômeurs dans le pays, il faudrait au contraire plus de protection contre les licenciements abusifs ». « On va augmenter les profits des riches, au détriment des salariés déjà touchés par une baisse du pouvoir d'achat », prévoit, de son côté, Jacques Christien, pour la FSU. Après les interventions, le cortège a gravi la rue Jean-Jaurès avant de redescendre « symboliquement » par la rue Branda, lieu du siège de la députée Patricia Adam. Les quelque 900 manifestants ont prolongé jusqu'à la sous-préfecture, lieu de la dislocation, effective vers 12 h 20. « Il y a en aura d'autres », ont déjà prévenu les responsables syndicaux.
- Alain Coquil