mardi 01 décembre 2009
Partout, de longues bandelettes de papiers volant au vent... Environ 300 salariés des papeteries de Mauduit (PDM) ont manifesté à Quimper, hier. Et recouvert la ville de blanc.
9 h 30, rassemblement
Environ 300 salariés des papeteries de Mauduit (PDM) de Quimperlé débarquent sous la pluie devant la préfecture de Quimper. Pendant qu'une délégation rencontre le
préfet, Pascal Mailhos, un délégué CGT, Stéphane Le Roux, expose le problème : « On appartient au groupe américain Schweitzer-Mauduit et nous fabriquons du
papier à cigarette. Le 10 septembre, la direction a annoncé un plan de restructuration avec 106 emplois supprimés sur 720. »
Le groupe se justifie en pointant des prix de revient et de vente trop élevés. Mais la pilule passe mal. D'autant qu'en 2 004, 209 emplois avaient déjà été supprimés...
« et que le groupe dégage des profits importants. »
« Pas de licenciement contraint »
Pour les syndicats, le mot d'ordre est clair : « Pas de licenciement contraint. » La solution de
la CGT ? Recourir à des départs en préretraites. « Environ 90 ouvriers sont en âge de partir et cela pourrait libérer des
postes », argumente Philippe Le Bloa, représentant du personnel. Problème, l'État refuse d'aider à financer ces départs, vu les bénéfices importants réalisés par
PDM.
10 h, fête... et amertume
Les manifestants entreprennent de décorer Quimper. Sirènes et fusées de détresses fusent. Et des centaines de rouleaux de bandelettes de papiers sont balancées dans
les rues et dans les arbres du mont Frugy (lire ci-dessous). Ambiance joyeuse. Pour masquer un malaise. « Le groupe vient d'investir
110 millions d'Euros aux Philippines. L'action qui valait 13 € en janvier est passée à 70 €. Et ils
licencient ? ! » Franck ne décolère pas : « Le directeur est un Français, qui touche
un million de dollars par an... pour virer des Français ! » Plus loin, Frédéric, 20 ans de boîte, lui aussi grince des
dents : « Être licencié à 50 ans ? On est sûr de rester sur le carreau. »
« Le problème est simple »
L'entretien avec le préfet est terminé. Peu de choses en ressortent. « Je n'ai pas à m'insérer dans les négociations sociales, justifie Pascal Mailhos. Mais je ferai valoir les préoccupations des salariés auprès de la direction cette semaine. »
« La mobilisation ne fait que commencer », prévient de son côté Philippe Le Bloa. Silence. « Et c'est tout ? », demande un ouvrier. « Que veux-tu entendre de plus, le problème est simple... »
Aller à Brest ?
Des manifestants parlent de se rendre à Brest pour la venue de François Fillon ce mardi. « Allez-y si vous voulez. Mais ne vous
trompez pas de cible : c'est le groupe qui a les moyens de financer les licenciements, pas les politiques. » Coup de gueule d'un
salarié : « Ah ouais ? Ils ont trouvé des milliards pour les banques, pourquoi pas pour
nous ? »
10 h 50, opération escargot
Les « Mauduit » partent en cortège sur les quais Dupleix et Amiral de Kerguelen. À 11 h 50, ils se dispersent et rentrent en voiture à
Quimperlé... en klaxonnant et en ne dépassant pas 30 km sur la voie express.
14 h, à Quimperlé
Après deux heures de route, les salariés arrivent à Rédené, près des transports Le Gall, une société qui stocke le papier Mauduit. Une action est prévue. Elle ne se
fera pas. Les délégués syndicaux sont appelés à la table des négociations par la direction qui menace de fermer l'usine, « à cause du désordre à
l'intérieur et à l'extérieur », explique un syndicaliste.
16 h 15, négociations avec la direction
Les syndicats obtiennent des garanties de la direction pour financer quelques dossiers de préretraites. Combien ? Cela sera discuté ce jour avec les syndicats. Mais les dirigeants posent une condition : que les ateliers soient nettoyés et que les affiches visant nommément des cadres soient enlevées.