6 février 2012 à 11h41 -
Dans un communiqué, l'association Bretagne vivante dénonce la réouverture de la chasse à l'eider et au courlis.
"Les moratoires en vigueur depuis 2008 sur la chasse de deux espèces d'oiseaux - l’eider à duvet et le courlis cendré - devraient être très prochainement levés", a indiqué, le lundi 30 janvier, un représentant de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), après avoir été reçu à l’Elysée par Nicolas Sarkozy.
"Un grave manquement à la parole donnée"
Rappelons que le moratoire pour les trois espèces «en mauvais état de conservation» est issu d’un
«accord historique» selon les termes du ministère de l’Écologie, intervenu entre les chasseurs et les associations de protection de la nature en juillet 2008. Pour Bretagne vivante, "la décision unilatérale qui vient d’être prise est donc un grave manquement à la parole donnée. De plus, ce moratoire
prévu pour cinq ans devait faire l’objet d’une évaluation. Les courlis chassés en France sont, pour une part, des migrateurs venus d’Europe
du Nord, et, pour une autre part, des nicheurs français dont la situation démographique est inquiétante", rappelle l'association.
6.000 courlis sur les côtes bretonnes
En 2002, la population française de courlis
était estimée à 1.500-1.800 couples. En ce qui concerne la Bretagne, les naturalistes comptaient 70 couples nicheurs en 1995 et seulement une trentaine en 2006 et 2011.
En janvier, il y a en moyenne 18.000 migrateurs sur le littoral de la frontière belge au bassin d’Arcachon.
Les côtes bretonnes accueillent en général 6.000 courlis. Il s’agit donc de chiffres particulièrement faibles et la chasse de ces oiseaux peut largement contribuer à la régression des nicheurs français, voire à leur disparition totale en Bretagne.
En ce qui concerne l’eider à duvet, les chiffres sont encore plus faibles, puisque la moyenne des oiseaux
présents en janvier de la frontière belge à la Loire est de l’ordre de 2.500 (avec d’importantes fluctuations) et que, depuis la catastrophe de l’Erika, le nombre de nicheurs, déjà très faible
avant, se limite à trois ou quatre couples au mieux.
En l’absence de toute étude sur les prélèvements réalisés par les chasseurs, sur l’origine des oiseaux tués et les effets du moratoire, Bretagne vivante se dit "choquée par la demande de la Fédération nationale des chasseurs et la promptitude à leur apporter une réponse
favorable. Les accords collectifs ont pour vocation d’être respectés et l’État doit en être le garant", conclut l'association.