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13 décembre 2012
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Ils employaient des pesticides non-homologués en France pour leurs cultures. Trois bulbiculteurs installés à la pointe de La Torche ont été condamnés, hier, à des peines d'amende.
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«Sur le plan de l'image, c'est toujours désastreux pour une activité économique de se voir montrées du doigt». Ces bulbiculteurs de la
pointe de La Torche, à Plomeur, devaient répondre d'utilisation de pesticides non-homologués devant le tribunal correctionnel de Quimper. Hier, ils ont préféré que l'affaire soit
jugée dans le cadre plus discret de la comparution sur reconnaissance de culpabilité. Les trois entreprises ont été condamnées à des peines d'amende: 3.000 € dont 1.500 à 2.000 € avec sursis. Une
manière, pour le juge de l'homologation, de leur rappeler «qu'une réglementation qui tend à protéger la santé publique et l'environnement doit être respectée».
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Pour les salades pas pour les fleurs
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Les trois agriculteurs, eux, s'en défendent, estimant avoir agi simplement pour résister à la concurrence européenne. Herbicides ou fongicides: les produits visés
par la procédure étaient, au moment des constatations de la direction régionale de l'agriculture, en2008 et2009, autorisés pour la bulbiculture aux Pays-Bas. Pas
en France, faute d'une homologation hors de prix pour la poignée d'agriculteurs.
«En France, on pouvait les utiliser sur les oignons et les salades, pas sur les bulbes de fleurs», s'étonne l'un d'eux. Ils entendent porter un recours pour
concurrence déloyale, devant les instances européennes. Agacés «des attaques incessantes», les bulbiculteurs se défendent, d'ailleurs, de polluer les sols bigoudens. Partie civile au côté d'UFC
que choisir, hier matin, l'association Eau et Rivières de Bretagne n'analyse pas la situation de la même manière. Arnaud Clugery, son permanent traduit la bonne qualité des nappes d'eau par la
nature du sol sableux. Il en veut pour preuve la présence d'une vingtaine de molécules rémanentes dans les sols analysés.
En bordure de fossé et de plan d'eau
Au-delà de la question des pesticides non-homologués, pour les associations, les poursuites engagées par le parquet témoignent «de
pratiques dénoncées depuis longtemps par des riverains excédés». Il en veut pour preuves les poursuites connexes à l'emploi de produits non homologués. Hier, la condamnation pénale des
exploitations agricoles portait également sur la mise en oeuvre de ses produits: débordement de cuve pour l'un et traitement à proximité d'un fossé et d'un plan d'eau pour les deux autres. Des
agissements révolus selon les bulbiculteurs. Ils ont depuis investi pour sécuriser l'emploi de pesticides et entouré leurs parcelles de
bandes enherbées.
Mais devront, malgré tout, verser chacun l'euro symbolique à l'UFC et 600 € de dommages et intérêts à Eau et Rivières de Bretagne.
Plomeur La Torche. Trois bulbiculteurs condamnés pour utilisation de pesticides non homologués
Ils avaient utilisé des pesticides non homologués. Ils ont été condamnés à 3 000 € d’amendes dont 2 000 € avec sursis.
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L’enquête, diligentée par la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAFF), a permis de mettre en lumière une pratique autorisée pour certaines séries de cultures, mais pas homologuée, en France, pour la bulbiculture.
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Ce mercredi, trois bulbiculteurs, installés à la pointe de la Torche étaient convoqués dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Ils avaient été contrôlés au printemps 2010 et verbalisés pour usage de produits phytosanitaires non homologués. Il s’agissait de Goltix, Camix, Banko 500, Prowl 400, des produits classés nocifs et dangereux pour l’environnement.
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« Dans son dossier, la DRAFF a produit aussi des études de sol dont une détectant 28 molécules différentes dans un même échantillon », explique Arnaud Clugery, coordinateur régional de l’association Eau et Rivières de Bretagne, qui s’est portée partie civile dans cette affaire.
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Eau et Rivières a gagné
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Ces trois professionnels du traitement des bulbes étaient aussi poursuivis pour avoir pulvérisé des pesticides sur le fossé le long de la route, pour un pulvérisateur qui a débordé sur la cour lors du remplissage et pour le non-respect de la zone de non-traitement de 20 m au bord d’un étang.
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Eau et Rivières a obtenu 600 € de dommages et intérêts. « C’est une condamnation symbolique qui sanctionne enfin des pratiques abusives sur un site écologiquement fragile et révèle aux yeux de tous l’envers d’un décor de carte postale », a ajouté Arnaud Clugery.
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