Entretien avec Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Ouvrier de Ford, il assure que l'État peut se donner les moyens de faire payer la crise par les riches. Pour cela, il ne fait aucune confiance au PS, ni au Front de Gauche.
C'était aussi le problème pour Olivier Besancenot. Pour nous, ce n'est pas une démarche personnelle, ce n'est pas un rêve depuis qu'on est gamin. Il y a un paradoxe et on essaie de composer au mieux avec une forme de médiatisation qui privilégie l'individu sur les idées. Car c'est hyper-important qu'on y soit.
Important pour quel message ?
Notre projet, c'est de faire payer la crise aux capitalistes et d'instaurer un bouclier social, à l'opposé du discours dominant d'austérité et de la rigueur. Pour nous, c'est un baratin pour faire payer la crise aux populations. Il y a de l'argent, et il faut trouver les moyens pour que ces fortunes-là, volées à la population pendant des décennies, puissent répondre à l'urgence sociale. C'est le programme que l'on défend : exproprier les banques, augmenter les salaires, interdire les licenciements, stopper le nucléaire...
À côté de cela, il y a l'idée que le monde des opprimés retrouve la confiance en ses propres forces. En présentant un ouvrier, on montre que des gens d'en bas peuvent faire de la politique sans avoir besoin de politiciens. Mais les riches, ils vont partir... Y'a même pas besoin de ça pour qu'ils se barrent ! Les capitaux et les plus fortunés circulent comme ils veulent. De toute façon, dès qu'on propose de limiter les inégalités, c'est toujours la catastrophe, soi-disant. En 1936, quand on parlait des congés payés, c'était déjà ça. On connaît la ritournelle ! L'État n'a qu'à prendre les moyens, à travers le contrôle du système bancaire.
Reccueilli par Michel URVOY.
Philippe Poutou veut répondre à l'urgence sociale